00:25 am. Et toujours pas couchée. L'ordinateur sur les genoux, le chien d'un côté, le pot de glace de l'autre, j'étais posée devant la télévision à regarder le film se dérouler sous mes yeux sans vraiment m'intéresser au contenu. A vrai dire, j'avais une vie un peu pourrie ces temps-ci. Remplie certes. Entre mon nouveau boulot à la librairie, ma «relation » avec le père d'un de mes meilleurs amis et le bébé à venir, j'étais un peu overbookée. Mais bon mise à part, le fait que j'avais trahi Robbyn et la mémoire de Calvin, j'allais bien. J'allais vraiment bien. En plus ce film où on voyait des mamans faon mourir n'étaient pas tristes du tout. Et non, je ne regardai pas Bambi. Enervée, je zonais sur Facebook avant de voir que Sonic – mon amant et père de Robbyn – venait d'annoncer à son fiston qu'il couchait avec moi. « TRIPLE CRETIN DE MES DEUX! » J'envoyai valdinguer le pot de glace dans un élan de rage pour entendre des pleurs. Génial. Cet imbécile avait réveillé le petit.
01:15 am. Endormir un bébé, ce n'est pas de la tarte. Debussy grogne et je sens encore un coup de pied dans le ventre. Ma colère était retombée et je chope mon portable pour envoyer un sms à Rob'. Echec. Fail. Il ne veut plus me parler en attendant. En même temps, je me voyais mal lui expliquer la situation étant donnée que je ne l'assimilai pas vraiment. Je m'écroule donc avec un mal de crâne sur mon lit quand je commence à discuter avec ce traitre. Le pire est que je suis incapable de lui en vouloir et que je l'invite à venir chez moi ce soir. Imogen n'emménagera qu'en fin de semaine et je n'ai pas envie de rester seule.
[01:22:47 09/04/11] @ Sonic C. Thompson : J'peux rester toute la semaine si tu veux Ö ...
Ouais bon, je sais pas ce que j'ai fumé. Mais j'ai accepté en tout cas. Et c'est donc quelques minutes plus tard, assise sur le plan de travail avec Bambi qui copule en fond, bouffant de la glace que j'entendis la porte s'ouvrir. Debussy se jeta en grognant et je lui intimai de se taire. « C'est à Harvard qu'ils t'ont appris à forcer les serrures ou c'est tout seul ? » Demandai-je à mon visiteur.
Pourquoi j'lui avais proposé de cohabiter pendant une semaine ? La réponse était d'une simplicité déconcertante, suite à une expérience comprenant plusieurs produit plus ou moins toxique, l'air de mon appartement était devenu vite irrespirable en ce début de soirée, et franchement porté un masque à gaz pendant les prochains jours ça me disait pas trop. Donc c'est non sans arrière pensée que je sautais sur l'occasion pour m'inviter chez Eve'. En plus, y'aura probablement du sexe.
Embarquant quelques fringues, mon magnum – dont je n'arrive décidément pas à me séparer -, une cartouche de cigarette, ainsi que mon ordinateur portable, je me mis en route vers l'appart d'Eve'. Oh j'aurais pu prendre mon vieux tacot, mais décidément je détestais conduire cette engin, beaucoup trop de .. Contrainte. Ma Daytona 675 SE rugit dans le silence nocturne et me voilà aussitôt parti pour sunset district. En voiture j'aurais mis 15 à 20 minutes, en moto c'était beaucoup plus rapide, m'arrêtant au pied de la résidence d'Eve, je coupe le moteur, retire mon casque, force la porte d'entré avec une facilité déconcertante la sécurité je vous jure de nos jours. J'grimpe un étage ou deux, me plante devant la porte de la rousse avant de décidé que frapper réveillerait le gamin donc je force la serrure. Triste à dire, mais c'est encore plus facile qu'en bas. Ah bordel, le challenge me manque. J'entre dans l'appart, tranquille, une énorme bête noir me grogne dessus, rapidement remise en place par une Evelyn en nuisette et jogging étrangement désirable malgré ces fringues. Je m'ébouriffe les cheveux à sa question tout en commençant à traverser son appartement.
« J'ai toujours eu un certain talent pour ce genre de truc. »
Sourire presque spontanée, mon regard se porte ensuite sur le chien alors que je continue d'avancer d'un pas tranquille dans l'appartement.
« Nice dog. »
Dis-je avec une grimace non dissimulé, je détestais les chiens, ces êtres inférieurs et asservis me donner juste la gerbe, un chien est au moins aussi stupide qu'un mouton, ça pue, ça fait chier, ça veut toujours jouer et ça dort ça bouge. Fuck, dire que j'vais devoir passer une semaine en compagnie de cette saleté. Si toutefois je tiens et qu'elle ne me jette pas dehors dès les premières secondes. Je pose mon sac et mon casque sur le canapé, et c'est en retirant ma veste que j'entame d'une voix grave.
« .. Dessin animé, glace, pas de lumière, couverture. La Bridget Jones attitude te guette. »
J'ai presque envie d'ajouter « heureusement que je suis là pour te contrer dans ta lente descente aux enfers des femmes désespérés et célibataires qui deviennent affreusement féministe ». Mais non. Connaissant le tempérament de la rousse elle s'enflammerait, on s'engueulerait surement, elle m'en mettrait une, je sortirais en furie, oublierais mon sac et par conséquent devrais revenir pour présenter mes excuses, quoique, mes fringues serrait probablement en train de cramer dans un feu de joie si tôt aurais-je passé la porte. C'est quand même fou, l'impact de quelques petits mots. Donc après avoir jeté un bref regard au salon je retourne vers la miss assise sur son plan de travail, la fixe une demi seconde, m'approche, lui enlève la glace des mains un demi sourire aux lèvres, hausse un sourcil à la vue du parfum, le pose à coté alors que doigts commencent à frôler la peau de ces épaules pour se perdre dans ces cheveux et enfin se poser sur sa nuque. J'approche mon visage du sien, prêt à l'embrasser, mais il faut croire qu'une fois minuit passé je me transforme en une espèce de Cyrano bavard et couard. Ne lui déposant même pas un baiser j'me contente de lui murmurer.
« Tu sais que le bébé va pas bouffer la graisse que tu prends avec cette glace ? »
Bon je vous l'accorde, je suis un Cyrano qui ne cherche pas vraiment à faire tomber raide dingue sa dulcinée. Au moins, cette nuit, elle peut apprécier un peu plus le doux son de ma voix, pas sur que ça lui plaise cela dit.
Décidément, ma vie était bien plate et bien ennuyeuse pour que j'ai besoin de compagnie à une heure passée du matin. Debussy était fidèle à son poste devant la porte, babines retroussées et une furieuse envie d'agripper l'entrejambe de mon visiteur. Quand j'entendis le cliquetis, j'avais une furieuse envie de lui ouvrir en disant 'Chéri, tu es en retard pour le thé.' Mais je me retins ne pouvant étouffer qu'un rire quand j'entendis la porte s'ouvrir. Super, un cambrioleur dans mon appartement. Un voleur sexy en plus. Un rugissement de la part de mon chien m'indiquait qu'il voulait attaquer le bonhomme. Un ordre en allemand, et je regardai mon interlocuteur avec ses cheveux en bataille et son air de trentenaire ultra sexy. Mon dieu, Evelyn! Ce mec est un con, cesses de baver. Je le vis faire une grimace en voyant mon chien et je lève les yeux au ciel pour détacher finalement ma longue chevelure flamboyante qui me retombait le long de mon visage comme un rideau, masquant la moitié de mon visage. « Visiblement, tu n'as pas l'air d'apprécier les animaux, dis-je sur un ton des plus monocordes, j'ai deux chats aussi. Fais gaffe, June est une traitresse et adore labourer les rubis des hommes. » Rubis signifiaient couilles bien entendu mais j'étais une demoiselle distinguée et je ne pouvais pas me permettre d'employer des mots aussi vulgaires.
Bon il allait se magner le cul de me faire l'amour ? C'est pas que j'ai un emploi du temps chargé mais j'aimerai bien aller m'entrainer avant de monter cette putain de commode qui me filait du fil à retordre. Oui, la fille ne songe pas à baiser uniquement mais à ce qu'elle va faire après. C'est donc en fourrant de grandes cuillerées de glace que je le vis poser ses affaires sur le canapé. Vas-y, la bonne rangera plus tard. J'en profitai pour mater son cul. Il avait un fessier à damner un saint et j'en profitai pour regarder mon pot de glace à moitié vide. Fuck! Heureusement, j'avais ma réserve dans le congélo. Avec un bébé en prime. Haha, quel humour! Tiens et voilà qu'il m'insulte de Bridget Jones en plus. Tu vas t'en manger une mon, gars, tu vas rien comprendre. Je ne dis rien et me contente de le fusiller du regard. Le genre qui dit 'mon gars, la ferme ou je t'explose ta face de rat.' Sauf qu'il n'avait pas une face de rat.
« Bridget Jones se fait Hugh Grant et Colin Firth alors... Je m'en fous de lui ressembler. Qui sait mon prochain amant sera peut être canon, cette fois-ci ? » J'éclate de rire avant de préciser que c'était une blague et qu'il ne monte sur ses grands chevaux. Le pauvre chéri était aussi susceptible que moi et dieu seul sait que c'était difficile d'arriver à mon niveau. J'étais un tyran. Enfin, j'étais une rousse au tempérament de feu. Putain, je fais de l'humour par la pensée. Quand tout d'un coup, je le vis s'approcher. Franchement, j'étais pas une miss des plus sexys. Bordel, il n'avait pas de maitresse blonde maigre aux jambes interminables à aller sauter ce soir au lieu de venir voir un boudin roux qui bouffe de la glace et se met à déprimer comme une vieille loque parce qu'elle couche avec le père d'un de ses potes – super l'amie, je repasserai le brevet ce coup-ci – et aussi que son fiancé venait tout juste de crever. Bon je l'accorde, il m'avait trompée mais je l'aimais quand même cet enflure de rat de mes deux. Et s'il vivait encore, j'aurais trouvé le moyen de lui sectionner les deux corronès avec une cisaille rouillée.
Je frémis à l'approche de ses doigts sur ma peau avant lever mes yeux émeraude vers son regard noir. Putain, elle avait raison Gossip Girl, il faisait peur. Sauf à moi. J'aimais bien les méchants garçons. Après tout, mon frère était un tueur en série. Bordel mais il veut faire un scrabble ou il va m'embrasser un jour avant de mourir de vieillesse ? Bien qu'il trépasserait avant moi, c'est certain. Quoique. Avec cette putain de maladie. J'entends me faire une remarque sur le pot de glace et je fronce les sourcils. C'est bien le moment. J'ai envie, il a envie. Il attend quoi ? L'accord de la sainte vierge. « Le bébé refuse toute nourriture sauf de la glace, donc, je mange de la glace, répondis-je en un murmure. » Puis n'étant pas du genre patiente et voulant calmer les ardeurs de Roméo, je passai une main dans sa nuque pour l'embrasser. Après tout, on n'allait pas camper là. Si ?