Chacun avait ses propres problèmes à régler, chacun avait sa propre histoire à essuyer, mais dans le fond, même si on se trouvait tous différents les uns des autres, on était presque pareils en réalité... et lorsque ça n'allait pas, personne ne voulait rester seul avec l'impression que les gens s'en fichaient d'eux. Il suffisait juste qu'un ami, d'une présence, de quelqu'un qui s'intéressait à vous pour rendre la peine un peu moins lourde et vous faire comprendre qu'il y avait aussi du bon dans la vie. On ne pouvait pas toujours faire de miracles... mais "autant que ce ne soit pas faute de pas avoir essayé d'arranger les choses". C'est ce que je me suis dis lorqu'Ange m'a parlé des soucis qu'elle vivait en ce moment. Je la connaissais, et ce n'était pas pour rien que je lui avais proposé de rester avec elle quelques nuits jusqu'à ce que sa panique diminue. Après tout... je me serais beaucoup plus inquiété pour elle si elle était restée seule la nuit. Une crise d'angoisse, c'était tellement vite arrivé...

Bref. Nous nous étions donné rendez-vous à l'accueil de l'un des hotels où nous avions l'habitude d'emmener les clients (d'ailleurs je pense que certains membres du personnel ne s'étonnent même plus de nous voir trainer dans les chambres de leurs établissements), et après ça la nuit se prolongerait chez Angie, je suppose, à moins qu'elle préfère dormir ailleurs en ville, ce qui était bien aussi.

Je quittai mon appartement avec un petit pincement au coeur en début de soirée, non seulement parce que je savais que je n'y remettrais plus les pieds dans les prochains jours, mis-à-part dans l'après-midi pour me changer et m'occuper de mon oiseau puis-ce que monsieur mon coloc veut pas y toucher, mais surtout parce que je n'avais pas précisé au coloc en question que je travaillais aujourd'hui. Andrew n'avait pas besoin de savoir ça... en plus, j'avais sérieurement envisagé d'arrêter le job pour lui parce que je savais qu'il le vivait bien plus mal qu'il le laissait voir. Ouais, j'vais arrêter, mais pas ce soir. :8;D:

Les quelques heures passées dans la chambre avec Rita furent très agréables. Cette femme me connaissait depuis environ un an et demi et elle ne pouvait pas vraiment se passer de moi j'avais l'impression. Elle supportait mal son mariage et j'étais un peu son échappatoire... ce qui ne me dérangeait pas plus que ça parce que vu son salaire, elle avait de quoi me gâter comme un gamin à noël, ce qu'elle ne se gênait pas de faire. Avec le temps, notre relation avait évolué... et on était plus amis qu'autre chose même si je sentais que dans le fond elle voulait vivre une vraie aventure avec un "jeune inconnu". Hum... un jour il faudra que je lui dise la vérité à mon sujet, à commencer par le fait que je suis en couple et que je compte pas rompre pour elle.

Bref. Une fois que ma cliente se fut endormie, je me glissais à la salle de bain pour prendre une douche avant de sortir de la chambre, direction la réception où Ange m'attendait déjà."Rob' chéri, elle n'a pas voulu me donner le numéro de ta chambre..."

Je tournais la tête vers la blonde de l'accueil en fronçant les sourcils d'un air irrité, ce qui sembla déstabiliser la pauvre fille qui avait tout l'air d'une nouvelle au poste. Bref, mes bras passèrent autour de la taille de mon amie lorqu'elle se glissa contre moi, et je lui adressais un joli sourire en coin tout en me courbant un peu pour me rapprocher de son visage.

- Oh... j'aime quand tu me parles comme ça, princesse...

Je me tournais vers la réceptionniste en me redressant et pris mon air le plus bourge possible, ce qui n'était pas trop difficile à faire grâce au merveilleux visage de prétentieux que mère nature m'avait donné.

- C'est ridicule, j'avais pourtant donné des instruction à votre collègue... Hm, on évitera de revenir ici. Allez, viens.

Je pris la main d'Ange dans la mienne et la tirai vers la sortie d'un pas assuré. J'emmerde les gens qui ont le préjugé que les prostitués sont des gens sans la moindre dignité et aucune classe. C'est un métier comme un autre, tout est dans l'attitude, et nous deux, on le vivait très bien.