HISTOIRE !
« Bip Bip Bip », la sonnerie stridente du réveil perça violemment les oreilles de l'homme qui était allongé sur le lit. Ce dernier soupira, et il écrasa le réveil d'un coup de main un peu trop prononcé. Puis il se retourna et ferma de nouveau les paupières, comme si de rien n'était. Un deuxième réveil se mit à sonner, cette fois, il s'étira longuement, et il pressa le bouton d'arrêt. C'est nu qu'il se dirigea vers la salle de bain de son luxueux appartement.
Il s'y apprêta quelques minutes, ne prenant pas la peine d'entretenir son corps comme celui d'un mannequin de vingt ans, gay et défloré de l'anus par un styliste aussi pédé qu'un phoque. Non, ce n'était pas son genre. Il se rasa en surface, conservant tout de même sa barbe naissante qu'il impressionnait tant ses employés. Jamais il n'avait pris soin de son apparence physique, le gros bloc de granit qu'était son coeur se fichait bien d'une barbe ou non, mais il le faisait, par pur soucis de se sentir humain.
Être différent des autres n'était pas simple à vivre tous les jours, mais depuis sa plus tendre enfance, les premières années de sa vie, il le savait. Ce n'était pas une tare comme être russe, ou être né avec les yeux bleus, non, c'était une différence plus morale. Il ne se sentait pas bien en présence d'hommes et de femmes, lorsqu'il était petit, il n'avait aucun ami. Il passait sa vie en compagnie des livres, il pouvait passer des journées entières à découvrir les aventures de ses héros préférés et il préférait la compagnie de son imagination à celle d'une bande de trous du culs que l'on pouvait qualifier « d'amis » chez les gens normaux. Il attrapa un costume par plus grand des hasards dans son placard où étaient alignées les mêmes tenues noires, chacune étant la réplique exacte de l'autre, comme une Armée de Clones digne du film aux gros sabres lasers comme Star-Wars. Il enfila le costume et se regarda dans le miroir, il ne manquait plus qu'un noeud papillon et un air de coincé, et il aurait pu tourner dans le futur film de libération du Tibet « Aidez notre peuple, nous autres moines sodomites avons mal aux fesses. » Il sourit tout seul à sa remarque et attrapa un cigare sur la petite table à côté.

« Mon vieux, tu deviens dingue, tu veux te faire par un chinois, manquerait plus qu'il te mette sa baguette, et ça serait le pompom, hein ? » Oui, il arrivait parfois à l'homme de se parler tout seul. Il n'était ni fou, ni alcoolique, mais depuis que sa fille vivait toute seule en ville, et que sa femme était morte, quelques années auparavant, il s'était renfermé et il faisait preuve d'un nouveau trait de caractère. Il se parlait à lui même, et il n'avait plus rien à perdre. Très proche de son église, il s'était encore rapproché à la mort de sa femme et il était devenu très pieux, véritable croyant et pratiquant. Déjà intéressé par la sphère politique, il s'était décidé à s'y lancer, il briguait la Mairie de la ville, prônant les valeurs d'un bon américain puritain, fier de sa Nation... Il occupait actuellement les fonctions de PDG d'une entreprise que son père avait fondé, un groupe qui s'occupait de pétrole mais également de finances, c'était un véritable Empire qui régnait sur des hôtels et des restaurants également. StoneHart était une petite entreprise familiale qui avait pris de l'ampleur grâce aux efforts de son père, qui avait été un génie de la finance. Son père était mort dix ans plus tôt, laissant derrière lui, un fils non triste et heureux de récupérer l'entreprise familiale.