Il était assez tôt lorsque je fus réveillée par les rayons du soleil traversant les rideaux de ma petite chambre. J’avais déjà un mal de crâne horrible et se réveiller avec le soleil en plein dans la tronche n’arrangeait pas les choses. Je n’avais pas de cours aujourd’hui et je n’avais pas franchement envie de sortir de chez moi, même si il faisait beau. Je n’avais pas bien dormie cette nuit, j’avais fait plusieurs fois des cauchemars concernant mon père. Ca m’arrivait encore très souvent. C’était facile de sourire à tout le monde et d’être la Maddie super gentille toujours de bonne humeur, mais parfois le passé me rattrapait, et ça n’était vraiment pas joli à voir. Peu de gens savaient ce que j’avais vécue pendant mon enfance à Londres et à quel point j’étais une personne aussi différente que j’étais comparé à aujourd’hui. J’avais peut-être un peu honte même si ça n’était pas de ma faute que mon père était un alcoolique qui tapait sur sa fille tous les soirs alors qu’il avait un coup de trop dans le nez. Déjà petite, je ne le disais à personne, non pas que je n’avais pas besoin d’aide pour surmonter ça ou pour qu’on me sorte de cet enfer, mais surtout parce que je détestais le regard des gens. Pas leur regard en général, non, mais cette lueur de pitié qu’ils pourraient avoir en me regardant. Comme si j’étais une petite chose fragile. Enfin, ça ne risquait pas d’arriver puisque je faisais tout pour cacher ce passé aujourd’hui, comme si c’était un secret que je ne devais révéler à personne.
Je me redressais dans mon lit en soupirant lorsque je vis dans quel état était ma chambre. Après avoir fait mon cauchemar cette nuit, j’avais pris un bloc de dessin et un crayon et j’avais gribouillé tout et n’importe quoi. Mais c’était une assez bonne idée, étant assez perfectionniste avec mes dessins, je n’étais jamais satisfaite et les bouts de papier chiffonnés partout dans ma chambre en étaient la preuve. Je jetais un rapide coup d’œil sur l’heure de mon réveil radio qui indiquait dix heures. Je respirais un grand coup puis j’osais enfin sortir de mon lit bien chaud pour ramasser toutes ses feuilles de papier dans ma chambre quand j’entendis mon portable vibrer. Je bondis alors de mon lit pour fouiller sur le sol, j’étais décidément très mal ordonnée, comment mon portable avait-il pu atterrir sur le sol ? Je le trouvais au bout de quelques minutes de recherche et un sourire se dessina sur mon visage en lisant ce simple texto envoyé par Nathaniel « Rejoins-moi au Haight Ashbury’s Buena Vista Park à quinze heures. PS : Je resterais là bas jusqu’à ce que tu y sois ». Nat’ avait vraiment le don de me surprendre. En fait, c’était assez compliqué. Nous nous étions rencontrés dans le bar où je travaillais en plus de la fac et il m’avait pris de haut ce qui me déplu. J’avais pris un malin plaisir à l’envoyer chier mais depuis, il n’arrêtait pas de vouloir me persuader de sortir un soir avec lui. C’est vrai qu’au début, si j’étais allé le voir, c’était parce qu’il me plaisait et le fait qu’il insiste tant…ça me plaisait encore plus, mais ça je ne voulais pas l’avouer et encore moins à lui. Quel mal y avait-il de vouloir se faire chouchouter un peu ? Il m’offrait des petits cadeaux, me faisait pas mal de surprise et je dois bien avouer que plus il faisait ça, plus je devenais…raide dingue de lui ? Non, peut-être pas, disons qu’il me plaisait…beaucoup. En même temps, j’avais un peu peur de m’attacher et qu’au final, il ne fasse ça uniquement pour m’ajouter à son tableau de chasse.
J’haussais les épaules en reposant mon portable sur mon lit. J’avais donc quelque chose comme cinq heures pour me préparer…j’avais le temps quoi. Une fois ma chambre rangée, je passais rapidement sous la douche et j’allais prévenir ma colocataire, Savannah que j’allais voir Nat’ à quinze heures. Si je lui disais ça, c’était pour lui dire qu’elle ne m’attende pas pour diner, avec Nat’, je ne savais jamais à quoi m’attendre ! Je partais de mon appartement à quinze heures pile…d’habitude, je vous direz que je suis toujours en retard, ce qui est vrai, mais dans ce cas là, c’était juste que je voulais me laisser désirer auprès du jeune homme. Il faisait plutôt bon dehors finalement, ça aurait été dommage que je reste à l’appartement aujourd’hui. J’arrivais assez vite au parc mais je ne savais même pas où il serait alors je m’asseyais sur un banc à l’entrée de celui-ci, je présumais que si il avait déjà était là il serait resté à l’entrée. Je regardais ma montre, quinze heures quinze. « Fais un vœux… », pensais-je. Et bizarrement, je fis le vœu que Nat’ ne me pose pas un lapin…
Comment pourrais-je t'avoir... Comment te dire que je t'aime plus que tout... ♥…
Comme tous les jours en me levant, j'avais la folle envie de revoir Maddie. C'était comme si elle me hantait, mais du bon côté, mon esprit. J’avais une attirance pour cette belle jeune femme. Je l’avais vu, et dès le premier jour, j’étais tombé sous son charme. Pourtant, beaucoup de personnes me disent souvent que je suis difficile niveau fille, mais peut-être que Maddie état vraiment LA fille qui me correspondait. Tout les deux, on s’aimait bien, on s’amusait, riait, jouait… ensemble, mais sans plus… Pourtant j’adorerais être plus pour Maddie que ce que je suis pour elle en ce moment. Je ne sais même pas ce qu’elle ressent pour moi, et vu que je ne suis pas le plus fort pour faire le premier pas, ça risquait d’être dur pour lui dire mes sentiments envers elle. Mais le moment n’étais pas à ça… Après un petit tour sous la douche, j’allai vers la cuisine pour me servir un grand verre de jus de fruits. Je ne prends que ça les matins, c’est sur, ça ne fait pas beaucoup, mais le matin, je n’ai jamais faim. Habillé en tenue décontracté, je m’asseyais dans le canapé pour regarder une série qui passait toujours à la même heure. 10H passée, je pris mon téléphone portable et alla sur internet avec… Je m’ennuyais à vrai dire, quand j’eu l’idée de donner rendez-vous à Maddie au Haight Ashbury’s Buena Vista Park. « Rejoins-moi au Haight Ashbury’s Buena Vista Park à quinze heures. PS : Je resterais là bas jusqu’à ce que tu y sois ». J’aimais lui dire des trucs du genre, si tu ne viens pas, je te parle plus. Le pire, c’est quelle devait se sentir obligée de venir me rejoindre. C’était des sortes de « mini-menaces ». Ca me rappelait toujours le premier jour ou on s’était vu, dans le bar ou elle travaillait. Elle m’avait envoyé chier ce jour là, et je m’en rappelle très bien, mais grâce à cela, j’ai pu la connaître, et j’ai pu devenir ami avec ce bout de soleil.
Vers les quatorze heures trente, je me décidai à me mettre en route vers le Haight Ashbury’s Buena Vista Park. J’avais décidé d’y aller à pieds, pour que ça me fasse un peu de sport comme on dirait. Le parc était à 20 minutes de marche de chez moi. Le sac bandoulière et le portable en main, je me mis en route. Sur le chemin je pensais à Maddie, elle ne voulait pas s’en aller de ma tête. Tout ça faisait que je pensais tout le temps à elle. Comme à mes habitudes, sur le chemin, j’eu à dire, au minimum, huit bonjours. Depuis que j’étais là, c’est vrai, je m’étais fait beaucoup d’amis, et je prenais de plus en plus de plaisir à vivre ici.
Arrivé au parc, je m’asseyais sur le premier banc venu en espérant que Maddie vienne. J’avais l’habitude que Maddie soit en retard, c’était dans son moyen de fonctionnement. Maddie, c’était clair, on lui donnait un rendez-vous à une heure précise, au lieu d’arriver à cette heure, elle partait de chez elle à cette heure. Mais bon, je la trouvais amusante avec ses petites paroles qui me faisaient tout le temps rire. Elle savait quand me redonner le sourire et je l’appréciais déjà rien que pour ça. C’est toujours bon d’avoir une personne sur qui on peu compter. Je ne vais pas dire que je ne suis jamais en retard, je suis comme Maddie sauf quand j’ai un rendez-vous avec elle. Plus le temps passait, plus je m’impatientais… Il était maintenant 15H30, et personne à l’horizon, je m’inquiétais de plus en plus. M’avait-elle posé un lapin ? Je ne l’espérais pas. Par réflexe, je me levai et alla de l’autre entrée/sortie du parc. Arrivé là-bas je vis sur un banc une belle silhouette toute fine, les cheveux bruns… C’était elle, je pouvais la reconnaitre parmi tant de filles. Elle devait attendre, mais moi aussi. On ne risquait pas de se voir si on restait chacun d’un côté du parc. Je m’avançais petit à petit d’elle puis lui adressa la parole sans qu’elle est eu le temps de me voir : « Salut Maddie… J’étais de l’autre côté du parc… On ne risquait pas de se voir ! » Lui dis-je en souriant. L’air gêné, je mis une de mes mains derrière la nuque en espérant qu’elle ne me prenne pas pour un imbécile.
Le problème n’était pas que je ne croyais pas en l’amour, au contraire…quand je voyais à quel point mon père s’était rendu malade à la mort de ma mère…bien sur que l’amour existe mais ça n’était pas tant ça le problème…faire confiance à quelqu’un, lui faire une confiance aveugle…je n’étais pas vraiment sur de pouvoir me laisser embarquer là dedans. J’avais beaucoup trop été déçue dans la vie, beaucoup trop déçue par les hommes. La seule personne du sexe opposé en qui j’avais entièrement confiance était mon oncle, Sidney, qui m’avait beaucoup aidé lorsque je suis arrivée aux Etats Unis. Ca n’est pas facile de partir de l’Europe comme ça pour arriver aux States. Le rêve Américain…c’est bien beau, mais vraiment pas facile à y accéder. Rien que d’obtenir le droit de vivre ici, c’était une horreur et sans lui, j’aurais certainement du retourner illico presto en Angleterre avec mon père qui n’hésitait pas à m’en coller une dès qu’il était un peu trop saoul.
Le vent devenait un peu frisquet dehors et rester assise à ne rien faire, ça n’était pas bon. Si j’étais une vraie pile électrique, c’était bien à cause de ça : Maddie, ne pense jamais ! Pourtant, vivre seule dans un appart’, ça n’aidait pas trop et je pensais souvent à mon enfance en Angleterre. Qu’est-ce que j’avais pu y être heureuse, chouchoutée par ma mère qui me considérée comme sa petite princesse…mais pour moi, l’Angleterre était plus une ville pleine de mauvais souvenirs que de bons souvenirs…car il y avait mon père. Il m’en avait vraiment fait baver…si j’avais toujours une bonne excuse pour ne pas aller à la piscine avec l’école, c’était bien pour que personne ne voit les marques de coups ou les petites cicatrices que j’avais sur le corps à cause de lui…il m’avait volé mon enfance, mon adolescence…il m’avait volé ma vie en général. Je détestais mon corps et me regarder dans un miroir était une vraie souffrance, chaque petite cicatrice me rappelait un souvenir. J’en avais tellement honte, même si la psy de l’université n’arrêtait pas de me dire que ça n’était pas de ma faute et que je ne devais pas avoir honte…c’était vraiment facile à dire, elle n’avait pas vécu ce que j’avais pu vivre.
Mais aujourd’hui, j’étais en Amérique et je devais vraiment oublier toute cette histoire. Toujours positiver, toujours sourire, c’était un peu ma devise. Et le gens ne se doutait absolument de rien et tant mieux, je ne supporterais pas de voir leur regard dégoulinant de pitié pour moi. Plus les minutes passaient, plus je me demandais ce que je foutais là…je regardais l’heure sur mon portable, il était quinze heures trente et Nat n’était toujours pas là…je sentais comme un pincement au cœur et ça me foutait vraiment la trouille de ressentir ça…comment il avait pu me poser un lapin ? Là, je ne comprenais vraiment pas…Je soupirais, il avait sûrement abandonné, en même temps, je me montrais tellement inaccessible avec lui, mais c’était pour qu’il me fasse un peu la cours, j’aimais beaucoup ça et j’en avais peut-être abusé et maintenant le seul garçon qui était susceptible de m’intéresser n’était plus là. J’étais vraiment pathétique. Je me redressais un peu agacée, pas contre Nathaniel mais contre moi-même, j’avais tout gâché…
« Salut Maddie… J’étais de l’autre côté du parc… On ne risquait pas de se voir ! », lança une voix très familière derrière moi. Je sentais mon cœur louper un battement, cette voix, je l’aurais reconnue entre milles, elle m’avait tout de suite séduite le soir de notre rencontre lorsqu’il avait commencé à jouer sa chanson dans le bar où je bossais de temps en temps pour payer mon loyer. Je me levais et respirais un grand coup avant de me tourner vers lui. Il était là, devant moi avec son air un peu gêné ce qui me fit extrêmement bizarre vu que Nat’ était un garçon très fier d’habitude. Je me pinçais la lèvre, je me trouvais idiote de rester là à ne rien faire et je sentais même mes joues s’enflammer. « Hey… », murmurais-je en lui souriant alors qu’une petite voix dans ma tête me hurlait : Maddie, reprend toi un peu ! J’étais vraiment contente qu’au final il soit venu mais je n’étais pas contente que j’étais contente de ça. Oui, j’avais vraiment peur que ça soit sérieux, j’avais peur de tomber amoureuse de lui alors que j’étais vraiment sur le point de craquer. A chaque fois que je le voyais, j’avais envie de m’approcher et de goûter à ses lèvres, j’avais envie de mêler mes doigts dans ses petites bouclettes…
Je secouais légèrement ma tête pour chasser toutes ses pensées de mon esprit, un peu gênée. Je m’asseyais à nouveau sur le bord du banc sans le quitter des yeux, je n’arrêtais pas penser qu’il était beau, comme d’habitude et cette pensée me fit rougir à nouveau…quelle idiote…comment un garçon aussi sur de lui, aussi…comment est-ce qu’il pouvait me faire cet effet ? Je passais ma langue entre mes lèvres en rangeant une mèche de cheveux derrière mon oreille, « J’suis contente que tu sois là…j’pensais que t’allais pas venir… », lançais-je en baissant mon regard vers le sol. Ce n’était pas croyable à quel point je me sentais intimidé en sa présence. « Alors…comment ça va ? »