Trois ans que je vivais à San Francisco, trois ans que je savais que j’avais une demi-sœur, deux ans que je la connaissais. Je n’avais jamais eu le courage de lui dire. J’avais toujours peur qu’elle le prenne mal, que notre amitié en touchera. Je l’aimais plus que tout, on était tellement proche. Cependant, il était temps que je lui dise. Je ne pouvais plus garder ce secret plus longtemps en mois. Comme on était samedi après-midi, je donnai rendez-vous à Evelyn au Starbucks Coffee. C’était un de nos endroits préférés. De plus, le café y était excellent. J’étais un peu en avance donc je commandai déjà un Java Chip Frappuccino, mon préféré et un Roma Tomato & Mozzarella Sandwich. Je suis végétarienne, pas de viande pour moi. Enfin, je ne suis pas vraiment végétarienne, je n’aime juste pas la viande. Mon père n’avait pas compris au début quand j’ai emménagé chez lui, mais il a vite compris que je n’ai pas ça. Durant mon enfance, j’avais oublié à quel point mon père était cool. C’était peut être aussi pour cela que j’avais peur de la réaction d’Evelyn. J’ai eu le droit de passer du temps avec lui, pas beaucoup mais les trois dernières années j’avais. Pour Evy’, c’était un complet étranger. Elle ne le connaissait pas. Je la vis enfin arriver par la porte. Je lui fis signe de venir s’assoir à côté de moi après qu’elle ait commandé. J’avais enfin décidé de lui annoncer la vérité. J’avais pris un peu de temps avant d’en être sure. J’avais demandé conseille à Calvin. Il était en couple avec elle, et la connaissait beaucoup mieux que moi. Normal aussi. Il savait à quel point j’avais peur de blesser Evelyn avec la nouvelle. Quand elle vient s’assoir à côté de moi, je lui sourit gentiment et lui demanda :
What's the problem ? I'm your friend, tell me! I M O G E N & E V E L Y N
J'étais allongée à côté de Calvin qui dormait paisiblement quand je me souvins que j'avais rendez-vous avec Imogen dans la matinée. Elle avait été ma première connaissance dès mon arrivée à San Francisco et je ne pouvais plus me passer de la voir. Un peu comme ma confidente puisque ma meilleure amie, c'était Cherry, même si elle était aux abonnés absents depuis quelques temps. Je me levai donc avec plein d'idées en tête. Le fait que nous allions essayer d'avoir un bébé, que mon filleul était toujours sous ma garde même s'il était en Allemagne avec mon père et que Calvin avait enfin été voir sa mère. Après m'être habillée car j'avais pris ma douche la veille, je déposai un léger baiser sur la joue de Calvin avant de partir nourrir nos chiens. Je parlais à la première personne du pluriel parce que nous étions un « nous » désormais. Un vrai couple, très amoureux et très heureux. Je m'avançai donc dans la cuisine pour redonner de la pâté pour chat à nos trois bêtes et des croquettes aux chiens. Six bêtes. Un calvaire pour ceux qui n'aimaient pas les animaux mais je les adorai donc je n'avais aucun problème.
Après avoir engloutie mon café et mon beignet, je mis un ruban dans mes longs cheveux blonds platine pour prendre mon téléphone cellulaire prépayé, les clés de ma voiture fraichement rapatriée et mon sac puis partie rejoindre mon amie. Nous avions rendez-vous au Starbucks comme deux bonnes poires et je savais qu'elle avait quelque chose d'important à me dire car elle m'avait semblé nerveuse au téléphone. Grand dieu, faites qu'elle ne soit pas enceinte elle aussi. Enfin ça serait cool d'être enceinte en même temps qu'une de ses plus proches amies mais j'avais déjà ma famille pour ça. Et puis, je n'étais pas encore enceinte, donc ça allait. Nous avions décidé que samedi que je devais arrêter la pilule mais que nous ne redoublions pas d'effort en ce qui concerne l'acte sexuel parce qu'on le faisait déjà trois fois par jour donc six fois, et le pauvre finirait sur les rotules. Je montai dans mon Ashton Martin pour démarrer. Le moteur était super et j'aurais pu la revendre et me payer un superbe appartement mais cette voiture me venait de ma grand mère. Et puis, je crois bien que cela ne dérangeait pas mon amoureux que je vive avec lui.
Direction le Starbucks. C'était notre endroit fétiche et je n'avais pas avalé assez de café comme ça. Cependant, je n'y avais plus le droit vu que je voulais un enfant. Une fois devant, je me garai juste en face pour ne pas perdre ma voiture de vue puis, je descendis en vérifiant qu'elle était bien verrouillée et me dirigeai vers le café. Je la voyais, elle était là avec sa longue chevelure rousse et m'attendait. Lentement, je finis par débouler avant d'aller vers le comptoir où je saluai le serveur qui me connaissait bien vu que je passais tous les matins avec mon chien pour commander mon café matinale. « Comme d'habitude je présume ? Me demanda-t-il » mais je le stoppai net. « Un salted caramel hot chocolat et... Attends que je regarde... un taragon chicken salad sandwich. Merci. » Il parut étonné que je ne prenne pas de café mais me servit ma commande en tamponnant ma carte de fidélité comme à son habitude avant de repartir nettoyer la remise.
Je m'approchai donc d'Imogen en posant mon plateau et en lui faisant la bise avant de prendre place et de retirer mon manteau laissant entrevoir mon chemisier coloré. « Salut ma chérie, dis-je enfin avant de sucrer mon chocolat, New York... C'était sympa. Sauf que ma cousine s'est barrée et m'a laissé la garde de son fils – Stuart, mon filleul – et que j'ai joué à la maman tout le week-end. Et j'ai réussi à convaincre Calvin de faire un bébé. Et toi ? J'ai vu qu'il y avait quelque chose qui te tracassait au téléphone. Racontes! » Je pris le sandwich et commençai à le manger en attendant ses explications.
J’étais horrible. J’allais lui annoncer que j’étais sa sœur alors qu’elle était tellement heureuse. Elle et Calvin voulait un enfant. Je serai tante, mais d’abord faudra qu’elle le prenne bien. D’un côté, je serai tellement soulagé une fois la vérité sorti. Vous savez, on se sent coupable quand on ne dit pas la vérité ; Bah, moi je me sens coupable de lui ruiner son bonheur. Elle avait un petit garçon chez elle ; je savais à quel point Evelyn adorait les enfants. De plus si elle allait avoir un enfant, elle saurait aux anges. Et moi, qu’est-ce que je fais ? Je vais gâcher tout ça par quatre petits : Je suis ta sœur. Je me sentis horrible sur le coup. C’était comme si j’étais un monstre. Non, j’étais un monstre. Moi qui d’ordinaire étais si joyeuse et gentille allais devenir un monstre dans à peine cinq minutes. Dans mon slim noir, mes talons gris et ma blouse blanche, je ressemblais à une jeune femme élégante et gentille. Mais là, c’était tout le contraire. Laissant cela de côté pour le moment, je lui répondis avec un grand sourire « Je suis contente pour vous. Vous avez mérité d’avoir un enfant. » Je pris alors un zip de mon Frappuccino. C’était maintenant ou jamais. Si je ne le faisais jamais je ne lui dirais jamais. Je n’avais passé autant de temps avec Calvin pour me dégonfler sur le moment. Oui, Calvin avait été au courant depuis le tout début. Je lui avais dis parce que je savais que je pouvais lui faire confiance. Mais maintenant, en ce moment fastidieux, devais-je dire à Evelyn qui son homme savait la vérité depuis le début. Cela mettrait leur relation en danger, j’allais être la cause de leur première dispute, et je n’aimais pas ça. Je n’avais pas envie que cela arrive à cause de moi. « Evelyn, je ne veux pas que tu prennes mal ce que je vais te dire maintenant. » Lui dis-je en la regardant droit dans les yeux. Mes yeux verts-gris étaient perçants. Je savais que ce que j’allais lui dire allait changer notre existence entière. Je pris un dernier zip de mon Frappuccino, et inspira un grand coup avant de la regarder droit dans les yeux. « Je suis ta sœur Evelyn. »
What's the problem ? I'm your friend, tell me! C A L V I N & E V E L Y N
Comme on dit souvent, le ciel va nous tomber sur la tête. Je regardai Imogen, le sandwich entre les mains avant de me rendre compte qu'il n'avait plus l'air aussi appétissant que ça. Depuis trois semaines environ, je passai mon temps à rejeter toute nourriture et j'avais même maigri. Comment aurait-il pu en être autrement ? Je ne mangeai presque plus et j'avais déjà fait deux tests de grossesse qui s'étaient avérés être négatifs tous les deux. Je ne me sentais d'ailleurs pas très bien. Alors, je repoussai le taragon et bus une gorgée du chocolat qui apaisa un peu mon estomac. « Ouais, je sais que cela a l'air super mais j'ai peur tu sais. Avec ce qui est arrivé à Matthew. » Je reposai la tasse et je voyais qu'elle était anxieuse, réellement anxieuse. Fronçant les sourcils, je me doutai que cela ne laissait rien présager de bon. Alors, j'attendis qu'elle crache le morceau. « Bon dieu Imo', ne tournes pas autour du pot, tu me files le tournis. » Je mis ma main devant ma bouche pour réprimer une nausée et regardai aux alentours. Je voulais savoir si les toilettes n'étaient pas trop loin au cas où.
Puis, là, elle décida de lâcher la bombe. Je la regardai un instant stupéfaite. « Je suis ta soeur. » Ces mots résonnaient dans ma tête comme un carillon de cloches. Imogen serait-elle ma soeur biologique ? Je n'en savais rien. Cela ne pouvait pas être possible. Mais pas impossible également. Tous les signes le montraient. La manière dont elle s'était rapprochée de moi. Comment Calvin s'amusait à dire que nous nous ressemblions beaucoup. Ainsi donc, il était dans la connivence aussi. Je me sentis trahie et je sentis les larmes couler le long de mes joues comme un torrent dévalait une pente. Je ne les essuyai pas. « Espèce de... » Je peinai à articuler. Je n'arrivai presque plus à respirer. Allez reprends toi Evelyn, reprends toi! Je me levai donc d'un bond, la jugeant avec mépris. « Depuis... combien de temps... le sais-tu ? Et Calvin était-il dans la connivence ? Et plus de mensonges Imogen. » Je hurlai ces derniers mots, attirant l'attention de tout le café. « Sept mois d'amitié qui reposaient sur un mensonge. » Je pleurai comme un bébé, ne cessant de m'arrêter car j'étais à la fois heureuse et malheureuse de ce qui venait de se produire. Je venais de retrouver ma soeur mais j'avais la sensation qu'ils avaient fomenté un complot contre moi. Trahie, tout simplement.
Voilà, mes mots étaient maintenant sortis. Je lui avais dit qui j’étais. Bien sure, elle ne l’avait pas bien pris. Elle me faisait confiance, tellement confiance. Je venais de littéralement foutre en l’air nos sept mois d’amitié. J’avais tout gâché avec mes mensonges. Mais si je lui avais dis dès le début, comment aurait-elle réagir ? De la même manière surement. Je levais les yeux pour la regarder. Elle avait les larmes aux yeux. C’était fait, notre amitié n’existait plus maintenant. Puis elle se leva. Non, pas de scène, je voulais tout sauf une scène. Mais bien sure, cela ne pouvait pas arriver. Je la connaissais trop bien pour cela. De plus, j’aurais fait la même chose si cela avait été dans mon cas. « Depuis... combien de temps... le sais-tu ? Et Calvin était-il dans la connivence ? Et plus de mensonges Imogen. » Elle avait hurlé. Tout le café nous regardait. De toute façon, je m’en doutais déjà de cette question. Oui Calvin le savait, depuis le début. Les mensonges s’étaient finis maintenant. Là maintenant, c’était le moment pour la vérité. « Deux ans… » Je ne savais pas dire plus. Oui deux ans que je connaissais la vérité. « Papa me l’a dit quand j’ai emménagé chez lui… » Je n’arrivais même plus à dire mon père. Maintenant que tout était sur la table, papa était le mot à utiliser pour désigner notre père. Pour Calvin, elle semblait déjà être au courant. Même si je lui disais que non, elle savait la réponse. « Oui, il le savait. C’est lui qui m’a dit de ne pas te le dire au début. » Voilà, tout avait été dit. Je ne savais pas quoi ajouter. Désolé n’étais pas à l’honneur. Je savais que j’avais eu tort de ne pas lui. Je la regardais. Elle parlait d’une amitié mensongère. C’était faux. Pour moi, qu’elle soit ma sœur ou pas, c’était une amie. « Je ne t’ai jamais vraiment menti. On a essayé de te mettre sur la piste, mais c’est comme si tu ne voulais pas ce qu’il y avait directement sous tes yeux. » Je crois que je venais de faire une gaffe là. Je savais qu’elle s’était sentie trahi par moi mais surtout par la personne qu’elle aimait le plus Calvin. Parfois, j’aurai aimé que mon père ne me dise jamais que j’avais une sœur. Mais je n’aurais pas rencontré ni Evelyn ni Calvin.
What's the problem ? I'm your friend, tell me! C A L V I N & E V E L Y N
Je crus que j'allais traverser la table pour lui foutre ma main dans la gueule. Et elle semblait si calme, si sereine comme si c'était tout à fait normal. Mais pour qui se prenait-elle ? Pour qui se prenait-elle ? Quelle sale garce! Avoir une sœur cachée! Qui prétendait être mon amie depuis huit mois. Huit mois où je lui avais confié sur ma vie, sur Matthew, mon histoire avec Calvin, mes soucis de santé. « Et jamais en huit mois, tu n'as trouvé le courage de me le dire ? C'est trop difficile ? » Je pris mon chocolat pour essayer d'en boire une gorgée mais je sentis de nouveau la bile me monter à la gorge, alors je posai les deux mains sur la table pour prendre appui. Le contact froid du verre apaisa à peu près mon esprit mais pas mon estomac. Quand je l'entendis me dire qu'elle était au courant que j'étais sa sœur depuis deux ans, je faillis perdre connaissance. « J'ai donc une demi-sœur plus jeune que moi... Bien... » En plus forcément, j'avais un père maintenant. Certains se plaignaient d'en avoir un et moi, j'en avais deux dont un qui m'avait abandonné avant ma naissance laissant ma mère se dépêtrer seule et me faire adopter. « Ah oui! Tu parles de ton père, celui qui t'a abandonné durant ton enfance avec ta mère. On dirait que c'est une manie chez lui. Je ne veux pas le rencontrer avant un moment. J'ai une famille géniale. Mon père est professeur de sidérurgie à l'université, ma mère est une honnête dame qui jardine et cuisine avec amour. Ils ont même accepté ma grossesse par le passé, mon père m'a donné sa bénédiction pour que je puisse vivre avec Calvin. Ton père ne sera jamais le mien. On n'a peut-être un lien de sang, nous deux. Mais pas une fois tu as essayé de me le dire en huit mois. Pas une seule fois. »
Je frappai du poing sur la table et bon dieu que ça fit mal. Quand elle m'annonça que l'homme avec lequel je comptais finir ma vie le savait depuis le début, je sentis mon monde se briser. Que je ne voulais pas voir ce qu'il y avait sous mes yeux. « Parce qu'en plus j'aurai du deviner que tu étais ma sœur. Mais c'est vraiiii. Tu es rousse, je le suis aussi. Oh mince alors! Cela veut-il dire que toutes les rousses sont mes sœurs ? Réfléchis un peu Imogen! Si t'avais été à ma place, tu l'aurais deviné toi... Que j'étais ta sœur. Ah mais oui! Cette pauvre conne d'Evelyn est tellement gentille et tellement malade aussi. Mais quel déchet. » Sous le coup de la colère, je pris mon manteau, mes écharpes et mon sac avant de limite lui foutre ma main dans la figure. « Va te faire foutre! Non rectification. Allez tous vous faire foutre. Moi j'me casse. Sayonara! » Puis, je partis en furie. Le soir-même en rentrant, je pris mes affaires. Mon chien, mon petit et mes chats pour aller chez ma meilleure amie. J'avais besoin de temps pour réfléchir à tout ça. Au fait que Calvin et Imogen s'étaient bien foutus de ma gueule.