| Ven 19 Fév - 15:37 | |
|
Les lumières du Palace Hotel te vrillent les yeux, ton retour à San Francisco est encore frais et tu as légèrement perdu l’habitude de devoir travailler avec une gueule de bois comme celle que tu tiens à ce moment-là. La France ne t’avais pas manqué, loin de là, mais tu avais dû rentrer dans ton pays natal dans l’espoir que tes parents soient généreux et t’aident financièrement. Le fond du gouffre ne te plaisais pas autant qu’on pourrait le croire, tu avais dû passer une limite que tu t’étais fixé pour gagner de l’argent facilement et cela te déplaisait beaucoup. Vendre ton corps à ces vieilles femmes avait toujours été une option que tu rejetais par dégout, malgré tout la survie est plus forte que la fierté. Ton bras droit est déjà enfermé par des mains ridées et avides de ton corps encore jeune et palpitant de vie, ta cliente de ce soir est une habituée à qui tu as manqué durant ton absence. Son affection engendrera surement de la générosité à ton égard, c’est ce que tu espères en tout cas. Tes problèmes d’agent ne se sont pas dissipés même si tes parents t’ont aidé, tu as toujours besoin de ce travail qui te déprimé plus que tu ne l’es déjà. Le hall d’entrée du prestigieux hôtel s’est encore une fois transformé en salle de réception pour une nuit, encore un de ces galas de charité qui te laisse vide de sentiments. Aider ton prochain n’a jamais fait partie de tes habitudes, la seule personne qui compte vraiment c’est toi, non ? Après quelques dizaines de minutes passées à ne rien dire et sourire à pleine dents pour les connaissances de ta cliente ton cerveau s’échappe comme toujours et tes yeux balayent la salle en quête d’une distraction passagère. Rien ne retiens ton attention, toutes les femmes présentes sont trop vieilles où trop « escort » pour toi. Néanmoins un dos attire ton attention si sélective, ton instinct te dit qu’elle pourrait être une proie amusante. Tu t’excuses poliment auprès de ta patronne d’un soir et vas te chercher un autre verre de champagne au bar, il ne vaut mieux pas les compter. Innocemment tu passes près de ta cible et renverse malencontreusement du liquide précieux sur le bas de sa robe, te permettant enfin de voir son visage lorsqu’elle se tourne vers toi. Tu n’es pas déçu du tout. « Veuillez m’excuser, je ne suis pas assez attentif. » Ta main attrape un mouchoir dans ta poche pour lui tendre, un sourire poli aux lèvres qui ne cache pour autant pas tes prunelles agressives. Ton regard se balade et analyse, une escort, espérons que son client ne soit pas trop attaché à elle.
|
|