Tu rentres chez toi après une dure journée de travail, t’arrêtes pas en ce moment, à croire que personne peut se débrouiller sans toi une minute. Des fois t’aimerais bien prendre des vacances, sur une ile déserte ou un truc du genre. Profiter de to argent que tu gagnes durement chaque jour de ta vie. Le problème c’est que tu te dis que tes gars sont trop cons pour se débrouiller sans toi, même du coté de New York ça part en couille depuis que t’es plus là. Ils se font piquer du terrain par des gangs de blancs, des putain d’amateurs alors que tu les as formés pour que ça arrive pas. T’aurais besoin d’un bon verre mais t’aimes pas trop faire ça tout seul, tu passes un coup de fil vite fait à ta grande copine Nadine. Quelques minutes plus tard tu descends la rue à pied pour aller la rejoindre, plutôt pratique qu’elle se soit installée dans ton quartier. Faut dire qu’avec ses délires de bijoux elle doit faire pas mal de blé, un chiffre qui doit se rapprocher du tiens. T’appuies sur la sonnette et attends qu’elle vienne t’ouvrir la porte.

Sa conscience la torture quelque fois, peut-être un peu trop souvent. Cette ressemblance entre Isiah et ses enfants, lui rappelle à chaque fois que c'est lui le père. Elle lui rappelle aussi ce mensonge, cette manipulation qu'elle a fait subir à son propre "ami". Elle n'a jamais su se contenter de cette simple amitié, voulant secrètement avoir plus, elle a obtenu ce plus, grâce à la ruse. Passer la soirée avec lui n'allait probablement pas lui déplaire, ses enfants passent la nuit chez une amie. Ils ont insisté pour rester avec leurs amis, elle n'a pas pu leur refuser cela. La vie d'une mère célibataire ne semble pas si désagréable pour Nadine, c'est son choix après tout.

Après s'être préparée, spécialement pour le recevoir. Arrangeant sa coiffure, portant ses quelques bijoux de la soirée. Elle se dirige ensuite vers la porte pour lui ouvrir, un sourire sincère aux lèvres, son regard s'attendrit sans qu'elle ne s'en rende compte, à la vue d'Isiah. Elle s'empresse de le prendre brièvement dans ses bras avant de le laisser entrer. L'invitant à s'installer dans le salon, il a ses habitudes de toute façon.

- Je suis contente que tu sois venu.

Nadine apparait derrière le battant, belle comme à son habitude. Ouais, c’est ta pote mais on peut pas dire que ça ait toujours été platonique entre vous deux. Ca a dérapé plusieurs fois et tu regrettes pas du tout, elle est pas du genre à croire que tu vas l’épouser parce que vous vous êtes touchés. T’aurais peut-être pu être sérieux avec elle a une époque, comme tu l’es avec Erykah même si tu sais pas trop ce que votre relation est vraiment. C’est juste que t’as jamais voulu prendre le risque de lui faire du mal, tu tiens à elle en tant qu’amie et t’as pas envie que ça parte en couille entre vous. Elle te prend dans ses bras pour te dire bonjour et tu lui rends son étreinte avant d’entrer dans la maison. « Je suis contente que tu sois venu. » Tu enlèves ton bombers et l’accroche sur le porte manteau. Tu refuses jamais une occasion de la voir, des fois même toi t’arrives pas à croire que t’es ami avec elle. C’est pas comme si vous vous ressembliez vraiment. « Je préfère être la plutôt que de boire tout seul devant ma télé. » T’es pas tellement du genre à lui dire que t’aimes bien venir la voir, elle l’a surement comprit depuis le temps. « Les petits sont pas là ? » Tu demandes en entendant aucun bruit dans la maison.

Son amitié avec Isiah pourrait être dur à comprendre, à concevoir, ils ont différentes personnalités, appartiennent à différents mondes mais il y'a un profond respect qui les lie, une certaine attirance physique aussi. Seulement, sans qu'elle ne puisse vraiment le contrôler, elle s'est éprise du jeune homme, sachant pertinemment où cet amour la mènerait. Nadine ne s'attache pas, du moins, c'est ce qu'elle laisse paraître. Elle aime se sentir forte, avoir le contrôle sur tout ce qui se passe dans sa vie, elle a eu l'impression de le perdre avec Isiah, car il n'est pas le genre à vouloir s'engager, alors elle a tenu à avoir une part de lui. Il n'était pas le seul noir avec qui elle couchait, il ne pouvait donc pas s'en rendre compte. Elle n'a jamais montré aucun signe qui pourrait le laisser croire qu'il s'agit de ses enfants.

« Les petits sont pas là ? » Elle sourit, sortant une bouteille de cognac avec quelques apéritifs pour poser le tout sur la table. « Ils sont chez une amie. » Elle lui sert un verre avant de se servir ensuite. Elle prend place à côté, buvant une petite gorgée. « Comment va ta petite amie? »

Tu sais que c’est dangereux d’être là, t’es passé par beaucoup de filles mais t’es très souvent revenu vers Nadine. Pas par choix mais par manque, tu n’as aucun ami qui puisse lui arriver à la cheville. Réussir à gagner ta confiance n’est jamais chose facile mais elle y avait travaillé dur pour finalement briser toutes les barrières que tu t’imposes face aux autres. Et sans même que tu t’en rendes compte elle t’était devenue indispensable, t’aurais pu t’empêcher de lui grimper dessus mais tu savais que tout se passerait bien. Elle a toujours su être mure et réaliste par rapport à votre relation. Malgré vos années d’amitié, ce soir tu sentais une légère tension entre vous et les silences semblaient plus lourds que d’habitude. « Ils sont chez une amie. » Une bouteille de cognac, une des plus belles femmes que tu connaisses et les enfants ailleurs. Le problème ? « Comment va ta petite amie? » Tu avales ta salive alors qu’elle te sert un verre que tu attrapes pour boire quelques gorgées. « L’appelle pas comme ça. » C’est vrai, vous avez plus 14 ans pour dire ça comme ça, même si Erykah est pas mal jeune. « Elle va bien. Et toi ? Les milliers d’hommes qui font la queue pour t’avoir ? » Tu lui souris franchement, tu sais qu’elle est très convoitée.

« L’appelle pas comme ça. » Arquant un sourcil, se demandant certainement comment elle pourrait l'appeler. Amoureuse? Fille qu'il fréquente? Elle n'essaie plus vraiment de le comprendre. Il semblerait qu'Isiah soit un peu trop fier pour admettre qu'il est visiblement épris de cette Erykah. Malgré l'amour qu'elle lui porte depuis plusieurs années maintenant, Nadine a appris à ne pas être possessive, ce n'est pas dans ses habitudes de toute manière. Etant un peu trop réaliste, elle préfère le laisser vivre ce début d'idylle sans être un obstacle au bonheur de son ami de longue date. « Elle va bien. Et toi ? Les milliers d’hommes qui font la queue pour t’avoir ? » Un petit rire narquois à peine audible, s'échappe de la bouche de Nadine avant qu'elle ne soupire. Elle se lève ensuite, le verre et la bouteille à la main, l'invitant à partir au balcon. Une envie soudaine d'air frais et de nicotine se fait rapidement sentir.

Elle prend place sur l'une des chaises du balcon, posant son verre ainsi que la bouteille sur la table. La jeune femme fixe son ami un petit moment, pensive avant de rétorquer. « Je suis plus seule que tu ne le penses. » Elle lui adresse un sourire sincère, avant de se resservir un autre verre.

Nadine c’est un bijou, la pierre la plus précieuse que t’ai jamais vue, c’est surement pas une coïncidence qu’elle ait décidé de travailler dans la joaillerie. Ca et son amour pour l’argent, aussi puissant que le tiens d’une certaine manière. Tu ne lui as jamais donné plus que de l’amitié et du sexe pour ne pas gaspiller une si belle perle. Tu l’aurais brisée, elle aurait perdu tout son éclat par ta faute tu en es sur, tu te serais sentit beaucoup trop coupable. Ton amie se lève pour t’inviter à te diriger vers le balcon et tu la suis en laissant ton regard couler sur ce corps que tu connais si bien. Ton verre se porte à tes lèvres alors que tu observes la vue qui s’étend devant vous. « Je suis plus seule que tu ne le penses. » Elle sourit mais tu sais très bien qu’elle souffre de la situation, tu n’as jamais vu Nadine réussir à rester avec un homme. Pourtant, elle aurait besoin de quelqu’un sur qui s’appuyer. « Tu m’as moi non ? » Tu ris, les phrases comme ça ne sortent de ta bouche que pour elle, même sur le ton de la plaisanterie tu es sur qu’elle a compris que tu es sincère. « Tu es peut-être trop difficile avec le choix de tes partenaires. » Tu te ressers un verre puis viens t’asseoir près d’elle pour commencer à rouler un joint.

Ce gros chagrin, toujours vivant en elle, ne saurait cicatriser avec la présence continuelle d'Isiah, mais elle a et aura sans cesse besoin de cette piqûre de rappel, qu'il n'est pas sien, malgré cette phrase qu'il vient de lui sortir sans se rendre compte des répercussions que cela pourrait avoir pour Nadine. « Tu m’as moi non ? » Elle le regarde rire et ne peut s'empêcher de sourire, se plongeant peu à peu dans ses rêveries, d'une vie de famille parfaite avec le père de ses deux enfants. Osborne reporte toute son attention vers son verre, sa réelle consolation. Elle le finit assez rapidement. Elle sait que l'alcool, l'oubli, n'est certainement pas la solution mais c'est plus facile, nettement plus facile ainsi.

« Tu es peut-être trop difficile avec le choix de tes partenaires. » Il vient s'asseoir près d'elle, Nadine le contemplerait presque, pensive. Elle se rend compte que sa présence lui manquait cruellement, que ses enfants seraient sans doute bien heureux avec un père, leur vrai père. Elle prend sa télécommande et décide de mettre un peu de musique en marche. Du vieux blues, parfait pour ce genre de soirées. Elle prend un briquet pour l'allumer, le tendant vers le joint d'Isiah. « Ce n'est pas une priorité pour l'instant, les partenaires. William viendra dans une semaine voir ses enfants, ça me fera un peu de compagnie. » William. Ce n'est pas lui le père, Elle le sait, elle a fait des tests dans le passé, mais comme c'était son compagnon de l'époque, il a été évident pour tout le monde qu'il l'était.

Tu as une très belle soirée en perspective, la vue du balcon de ton amie est agréable et tu te perds quelques instants dans les lumières de la ville avant de lécher le collant de ta feuille slim. La musique s’accorde parfaitement avec l’ambiance, un moment de repos pour toi. Tu n’as pas souvent le temps de te poser et d’arrêter de penser à tes affaires qui accaparent la plupart de tes pensées. Nadine t’allume et tu expires en ronds la fumée épaisse. « Ce n'est pas une priorité pour l'instant, les partenaires. William viendra dans une semaine voir ses enfants, ça me fera un peu de compagnie. » Tu connais pas trop ce mec, le père des gamins, tu penses pas l’avoir croisé. Vaut mieux pas, t’as jamais vraiment aimé trainer avec les exs ou copains de ton amie. Même si ta relation est seulement amicale avec elle, tu as du mal à ne pas voir ses compagnons d’un mauvais œil. « Pourquoi pas ? Il te faut un gars sur qui te défouler quand tu rentres du travail. » Tu lui souris avec douceur puis lui tend le joint. « Il est comment le papa ? » Tu demandes curieux.

Elle aimerait donner un nom à ce qui les lie, elle en meurt d'envie mais elle n'a jamais osé le faire, ayant bien trop peur des répercussions que cela pourrait avoir sur sa psyché. Ses sentiments pour lui ont toujours été présents mais Nadine a trouvé le moyen de se consoler en procréant avec lui. Ces deux enfants sont sa vie, tout ce pourquoi elle reste présente, sans se noyer dans son chagrin. Cette atroce peine de ne pouvoir être avec celui qu'on aime, de le voir chaque jour sans jamais pouvoir lui dire, parce qu'elle le connaît, trop bien même. Ce n'est qu'une cause perdue avec Isiah.

Elle se sert un autre verre, buvant une bonne gorgée, tout en continuant sa contemplation. « Pourquoi pas ? Il te faut un gars sur qui te défouler quand tu rentres du travail. » La jeune maman a toujours ce sourire aux lèvres avec lui, leurs discussions l'apaisent, la rendent nettement plus calme que d'habitude, plus.. sereine. « Il est comment le papa ? » Elle se replonge dans la nostalgie, s'y noyant presque. De la mélancolie vient d'immiscer dans son expression, une amertume et une tristesse très présente dans ce regard vide depuis longtemps déjà, trop longtemps. Elle prend le joint, tirant une longuement dessus avant de le fixer. Nadine reste silencieuse, inspirant profondément. « C'est.. c'est toi. » Elle rit doucement, ne sachant pas pourquoi ces mots sont sortis mais elle en avait tellement envie. Elle pose sa main sur son front, fermant ses yeux un court instant avant de se ressaisir. « je.. je.. je rigole. Oui, ce n'est qu'une blague, je ne sais pas ce qui m'a pris. » Ce rire devient nerveux, avant de boire encore de son verre et de lui tendre le joint.

Cette relation entre elle et toi, qui aurait pu la prévoir ? Le gars des rues qui devient ami avec une bourgeoise blanche, si tes potes savaient ils se foutraient de ta gueule. Nadine c’est pas n’importe quelle petite blanche avec un joli visage et un cul respectable, c’est sa personnalité qui t’avais séduit dès votre première rencontre. Cette force qu’elle dégageait t’avais impressionné, jamais tu n’avais vu une femme avec une assurance comme la sienne. Elle était capable de te faire baisser les yeux et ça, tu adorais. Après ta question posée dans l’unique but de satisfaire ta curiosité elle semble se perdre dans ses pensées, ses yeux se voilent et tu peux sentir une certaine peine émaner de ton amie. Peut-être était-elle vraiment amoureuse de son « baby daddy », tu n’avais jamais compris quel avait été le but de faire des enfants avec lui pour ne jamais être sérieusement ensemble. « C'est.. c'est toi. » L’alcool te brule moins la gorge que cette phrase qui reste en suspens quelques instants. Elle brise le silence de son rire d’habitude si agréable qui pour le coup sonne faux. Quelque chose ne vas pas et tu n’arrives pas à retrouver ta respiration même si ton visage reste impassible. « je.. je.. je rigole. Oui, ce n'est qu'une blague, je ne sais pas ce qui m'a pris. » Ce rire que tu connais si bien, il s’empire et tu en as des frissons. Ça ne peut être qu’une mauvaise blague, mais ce n’est pourtant pas le genre de Nadine. Elle porte directement son verre à ses lèvres ce qui t’inquiètes encore plus. Tu la fixes, scrutant minutieusement ses gestes et expressions faciales. « Tu sais que j’aime pas trop les blagues, surtout quand t’as l’air aussi sérieuse en le disant. » Voix monocorde, regard sombre, elle te fait peur mais tu attrapes le joint quand même.

Lui faire deux enfants sans qu'il ne s'en rende compte a été plus aisé qu'on pourrait le croire, surtout pour Nadine. Elle a toujours eu plein d'hommes dans sa vie, mais elle ne regrette pas. Elle s'est sentie prête, elle voulait que ce soit lui et elle les a eu. Seulement, elle n'a pas mûrement réfléchis aux conséquences que cela pourrait avoir sur ce lien si précieux qu'ils partagent. Une amitié inébranlable. Pensant que rien ne pourrait la changer, pas même une telle situation. « Tu sais que j’aime pas trop les blagues, surtout quand t’as l’air aussi sérieuse en le disant. » Elle déglutit, jouant un peu avec les glaçons dans son verres, les regardant très lentement, elle s'y perdrait presque. Une autre gorgée avant de se lever, mouvant doucement sa taille au rythme de la musique avant de tendre ses mains vers Isiah pour qu'il la rejoigne. Elle ne souhaite plus y réfléchir, elle préfère passer un bon moment avec lui, collés l'un à l'autre. Comme toutes ces autres soirées remplies d'illusions et d'insouciance. Il ne va peut-être pas abandonner mais qu'importe, elle veut profiter de lui, peut-être une dernière fois. Elle lui adresse un petit sourire, penchant légèrement sa tête. « viens... je veux danser avec toi. » Elle finit par prendre ses mains, l'entraînant vers elle.

Tu tires nerveusement sur le joint presque fini, ta jambe s’agite sous la table et tu sens déjà que cette soirée finira pas comme tu l’avais prévu. Connaitre Nadine avait pas été difficile, vous vous étiez livrés l’un à l’autre il y a bien longtemps, comme tu l’avais fait avec personne. Et là tu pouvais clairement dire que quelque chose tournait pas rond dans son attitude. Ça t’inquiètes, ça te met mal et t’aimes pas être mal alors tu lâcheras pas l’affaire jusqu’à être sur de ce qu’elle dit. Nadine se lève doucement et son corps commence à t’envoyer des signaux confus. Tu te retrouves presque hypnotisé par ses hanches, une des nombreuses techniques de ton amie pour faire oublier beaucoup de choses aux hommes faibles. Elle tend les mains vers toi et tu restes immobile, la confusion à prit place dans ton cerveau. Elle te fait les yeux doux, tête penchée comme un petit chiot n’attendant que ton approbation. « viens... je veux danser avec toi. » Ses mains t’entrainent près d’elle et tu prends doucement possession de ses poignets pour qu’elle ne bouge plus. Tes yeux sondent les siens mais tu es incapable de comprendre ce qu’ils veulent te dire. « Arrêtes ton cinéma, j’suis pas comme tes William ou tes je sais pas qui. » Tes mains relâchent les siennes et tu lèves les yeux au ciel, prenant une inspiration nécessaire, tes bras se croisent sur ton torse. Le regard mauvais, tu attends des explications. « Si t’as un truc à dire c’est maintenant poupée. » Ca faisait longtemps que tu l’avais pas appelé comme ça mais les circonstances te rappelaient des morceaux de votre passé, quand toi et elle ça aurait pu être sérieux.

Pourquoi s'est-elle mise dans une telle situation? Elle a toujours eu cet espoir inconscient de former une famille avec lui. Cette image si parfaite ne sera jamais qu'un mirage, très flou qui ne se réalisera jamais. Elle le sait, justement. Peut-être que c'est parce qu'elle le sait, qu'elle a, dans un acte désespéré choisi de lui dire. Le faire souffrir ne serait-ce qu'un peu, pour lui faire goûter à ce qu'elle a toujours ressenti. Des femmes, il en a eu tellement, elle ne saurait les compter. Jamais ça n'aurait pu être sérieux entre eux, cette possibilité ne peut heurter son esprit. Choisir d'avoir des enfants avec lui, sans son consentement.. Elle sait qu'elle ne le regrettera pas, quoiqu'il arrive. Elle aime Iris et Jad, elle le referait s'il le fallait.

Il exerce une certaine pression sur ses poignets, Nadine s'arrête de bouger, le regard assez perché. « Arrêtes ton cinéma, j’suis pas comme tes William ou tes je sais pas qui. » La jeune maman fait un simple pas en arrière, ses prunelles ne se détachant pas des siens. « Si t’as un truc à dire c’est maintenant poupée. » Elle soupire, passant une main dans ses cheveux, avant de sortir délicatement une cigarette de son paquet, pour l'allumer. Elle laisse la fumée s'échapper de sa bouche, fixant le ciel avant de fermer un court instant ses yeux, pensive. Nadine finit par sourire, baissant sa tête, laissant ensuite échapper un rire bref et assez amer. « Non, je n'ai rien à dire. »

Elle soupire sous tes yeux, agacée par votre conversation apparemment et tu fronces les sourcils. Son attitude ne te plait pas du tout, cet air hautain qui a remplacé son sourire. Tu pensais qu’elle se comportait comme ça qu’avec les autres, mais pas avec toi. Plus que tendu tu te triture le crane pour comprendre ce changement soudain de la part de ton amie. Et pourquoi cette mauvaise blague sur toi qui es censé être le père des gosses ? T’as pas envie de sauter aux conclusions trop vite, elle se fout peut-être simplement de ta gueule. Si c’est ça l’explication, t’as pas l’intention d’être ridicule alors t’essayes de garder ton calme pour l’instant. Mais tu panique un peu. « Non, je n’ai rien à dire. » Son rire te glace le sang et là tu t’inquiètes pour de bon. Ta main glisse doucement dans ses cheveux alors que tu t’approches à nouveau d’elle, finissant dans son cou en une légère pression de tes doigts sur sa nuque. « J’ai pas le temps de jouer à tes petits jeux malsains. » Tu la lâches sèchement et retournes t’asseoir pour boire quelques rapides gorgées de ton verre. Ta violence ne devrait pas la choquer, après tout elle sait dans quoi elle s’engage en te faisait douter. Ne pas savoir ce qui se passe autour de toi est une de tes pires hantises et tu détestes qu’on te cache quelque chose, tu finis toujours par tout savoir. Lui faisant face tu secoues doucement la tête de droite à gauche, un peu perdu. « Ecoutes, si tu veux continuer comme ça je ferais mieux de rentrer. »

Isiah et Nadine. Tous deux, obsédés par le contrôle, aspirés dans une profonde solitude dans laquelle ils se complairaient presque. Elle connaît bien les conséquences de ce genre d'attitude. Cette phase de désespoir semble la guetter. Il se rapproche de plus en plus de son visage, appuyant sur sa nuque sans détacher son regard du sien. Ses yeux sont toujours meurtris par ce chagrin d'antan, elle ne pourrait se défaire de ses sentiments aussi facilement. Osborne le laisse faire, toujours un peu ailleurs. « J’ai pas le temps de jouer à tes petits jeux malsains. » Elle finit par sourire, que peut-elle faire d'autre? Elle le regarde boire avant de revenir vers elle. Isiah a l'air confus, troublé par cette simple phrase. « Ecoutes, si tu veux continuer comme ça je ferais mieux de rentrer. » Non, elle n'a pas envie qu'il s'en aille alors elle prend sa main pour le garder près d'elle, son regard cherchant le sien avec désespoir. « Non.. Je... je suis désolée. » Baissant ses yeux, des idées troubles en tête, elle tente de se calmer, de se reprendre pour retrouver cette assurance qui la sauve toujours des pires situations. Elle s'éloigne de quelques pas pour lui faire face. « mais.. tu ne remarques pas qu'Iris a tes yeux? Que Jad sourit de la même façon que toi? » Elle arrive à s'écouter parler, son cœur cognant avec violence contre sa poitrine. Il faut bien qu'il le sache un jour ou l'autre. « Oui ce sont nos enfants mais tu n'as aucune obligation envers eux. Je ne te l'ai jamais dis parce que je peux et je veux les élever seule. »

Tu ne comprends pas la situation, ne pas chercher à savoir serait beaucoup plus simple mais tu as toujours été beaucoup plus attiré par tout ce qui est compliqué. A commencer par Carmen, Erykah était un cas aussi. Se taire maintenant, partir et oublier tout cette histoire t’arrangerai pourtant. Nadine attrape ta main et te sort de tes pensées. « Non… Je… Je suis désolée. » Perturbée, elle balbutie et essaye de fuir tes yeux. Quelque chose ne va vraiment pas, tu sais que d’ici quelques minutes ta soirée va changer du tout au tout. Doucement elle recule, s’éloignant de toi sans que tu la lâches du regard. « mais.. tu ne remarques pas qu'Iris a tes yeux? Que Jad sourit de la même façon que toi? » Ton monde entier s’écroule autour de ta pauvre âme tourmentée, un brouhaha de grésillements remplace ton cerveau. Des milliers de questions se précipitent à tes lèvres mais aucune n’est claire. Ton souffle est complètement coupé, tes yeux écarquillés toujours sur ton amie. « Oui ce sont nos enfants mais tu n'as aucune obligation envers eux. Je ne te l'ai jamais dis parce que je peux et je veux les élever seule. » Un deuxième coup de pelle derrière la tête, ça fait moins mal de se prendre une balle dans le dos. Les secondes passent comme des années alors que ton visage reste inexpressif, jamais personne ne t’avais menti comme ça. Ton bras se lève lentement pour renverser tout ce qui se trouve sur la table dans un bruit assourdissant de verre et d’objets métalliques. Peut-être que tu trembles, impossible à dire, tout ce qui garde ton attention à présent c’est elle. « Tu te fous de ma gueule j’espère là ? » Et maintenant tu cries, tu ne penses pas avoir élevé le ton de cette façon sur elle avant ce jour. La folie te guette et tu serais capable de retourner cette maison si tu ne réfléchissais pas, rien ne pourra changer la situation. Tu as deux enfants et tu les connaissais sans le savoir. Quand tu t’approches d’elle des bouts de verre crissent sous tes semelles. « Jamais personne ne m’a pris pour un con comme tu l’as fait. » C’est la rage qui prenait le dessus, comment avait-elle pu faire ça ?

Ce brin de machiavélisme a toujours été présent dans sa chaire, devenu comme une pulsion, reflétant une partie imposante de ces calculs. Étouffant constamment cette spontanéité qui ne demande qu'à se montrer dans ses moments de désespoir. Comme à cet instant précis où son amitié avec Isiah vient d'être bafouée, sa plus grande crainte se passe devant ses yeux. Impuissante, confuse par cet alcool qui s'amuse à leurrer ses neurones, elle sursaute lorsqu'il fait tout tomber, faisant un pas en arrière lorsqu'il s'approche d'elle.   « Tu te fous de ma gueule j’espère là ? » Isiah est hors de lui, elle a l'impression d'être en face d'une toute autre personne. Il n'est plus que rage et colère qui la ferait presque trembler. « Jamais personne ne m’a pris pour un con comme tu l’as fait. » Elle fait un autre pas en arrière avant d'être stoppée par le mur, se retrouvant adossée à ce dernier. Son regard baissé croise les débris de verre avec mélancolie avant d'oser défier celui de son interlocuteur. « Je ne regrette rien. » Le regret n'a jamais fait partie de sa vie et ça ne changera pas. Quoiqu'il arrive. Elle aime ses enfants plus que tout. « Tu peux le voir comme un don et je t'en remercie parce que ces enfants m'ont rendu heureuse comme aucun homme n'a pu le faire auparavant et je voulais que ça vienne de toi, parce que... » Elle inspire profondément, des larmes prêtes à surgir à tout moment. « J'ai toujours eu de profonds sentiments pour toi. Alors si c'était à refaire, crois moi Isiah. Je le referai. »

Depuis votre première rencontre tu avais éprouvés plusieurs sentiments envers elle, de l’amitié et du désir principalement. Jamais tu n’aurais imaginé la détester comme tu es en train de le faire, tes yeux te brulent quand tu la regarde et il te faut beaucoup de sang froid pour ne pas l’envoyer valser contre un mur. Ta confiance n’est jamais donnée sans mure réflexion, Nadine avait fait ses preuves en tant qu’amie et tu avais finis par être toi-même avec elle. Moins arrogant, plus souriant, tu laissais tomber ta carapace en sa présence t’octroyant une pause souvent bien méritée. L’estime que tu lui portais disparaît aujourd’hui ne laissant à tes yeux aucune trace de votre amitié. Elle sursaute à tes gestes, recule quand tu t’approches, tu connais la peur et ne peux pas ignorer de tels signes. Surtout chez une femme que tu n’aurais jamais osé blesser avant cette soirée. « Je ne regrette rien. » Ses yeux croisent les tiens qui ont surement l’air d’être sur le point de sortir de ton crane, cela faisait des années que tu ne t’étais pas mis dans un état pareil. « Tu peux le voir comme un don et je t'en remercie parce que ces enfants m'ont rendu heureuse comme aucun homme n'a pu le faire auparavant et je voulais que ça vienne de toi, parce que... » Ses yeux brillent soudainement, tu la laisses parler pour l’instant, ta gorge est beaucoup trop nouée par la rage pour t’exprimer clairement. « J'ai toujours eu de profonds sentiments pour toi. Alors si c'était à refaire, crois moi Isiah. Je le referai. » Ton sang se glace et fige tout ton corps, ce qu’elle dit n’a aucun sens. Nadine n’a jamais eu de sentiments pour personne et vous aviez toujours étés clairs par rapport à la nature de votre relation. Ses mots ne t’ont pas apaisé, bien au contraire, tu respires pour ne pas hurler. « J’arrive pas à le croire, je te savais manipulatrice mais à ce point.. » Un rictus nerveux fend ton sourire et tu passes une main sur ton front, incapable de fonctionner correctement après tout ça. « Ça t’amuses de jouer avec les gens, t’adore tout contrôler hein ? Te cherches pas des excuses en t’inventant des sentiments, t’en as jamais eu et t’en auras jamais. » La voix aussi sèche que ta gorge tu la dévisages, elle est devenue une étrangère. « T’as tout gagné là, je vais me barrer et tu me reverras jamais. Dis à tes gosses que leur « tonton » Isiah est mort et tout le monde sera content. » Une fois qu'elle aura commencé à pleurer tu pourras partir l’esprit tranquille.

Pourrait-on considérer la naissance d'un petit être comme un miracle? Un chamboulement dans la vie ou la perception de ses parents? Comment un humain aussi minuscule peut-il avoir un tel pouvoir? Elle se souvient de ces mois de grossesse, de peine, de solitude et de pression surtout. A rester séduisante, à toujours charmer malgré tout. Elle en a rêvé depuis longtemps, même si au fond, une partie d'elle lui disait à mainte reprises qu'elle n'était pas prête, qu'elle ne le serait jamais. Pas prête à ressentir tout cet amour, être aspirée par ces sentiments nouveaux. Elle ne saurait pas les gérer. Pourtant, tenace, comme à son habitude, elle a souhaité aller jusqu'au bout. Nadine, maintenant devenue mère de deux enfants, même si cela a impliqué le sacrifice d'une longue amitié avec son Isiah. Oui, son Isiah comme elle se plaît à penser, ou à se chuchoter à elle-même lorsque l'alcool vient brouiller, tout semblant de maîtrise qu'elle pourrait avoir sur ses émotions.

Bloquée à présent par un mur, elle ne peut que le fixer avec ce faux air confiant.  « J’arrive pas à le croire, je te savais manipulatrice mais à ce point.. » L'expression neutre, devenue presque impassible la regagne, comme un mécanisme de défense qu'elle a su développer à travers les années. Ses mains tremblantes la trahissent mais elle s'obstine à continuer de le fixer, presque fière. « Ça t’amuses de jouer avec les gens, t’adore tout contrôler hein ? Te cherches pas des excuses en t’inventant des sentiments, t’en as jamais eu et t’en auras jamais. » C'est donc l'image qu'elle dégage pour lui? Son regard devient légèrement bas, pensif, nostalgique.. De l'amertume l'envahit, elle rien ne sera plus pareil. « T’as tout gagné là, je vais me barrer et tu me reverras jamais. Dis à tes gosses que leur « tonton » Isiah est mort et tout le monde sera content. » Elle fixe sa main un instant, presque ailleurs, avant de la prendre, d'un geste doux et lent. L'esquisse d'un sourire se dessine sur le coin de son visage, mélancolique, ses yeux finissent par rencontrer les siens une nouvelle fois, presque suppliants. « Tu ne vas quand même pas laisser tes enfants? Je sais que tu n'es pas de ce genre là. » Un léger soupir s'échappe, détournant son regard. « Peut-être que tu n'y crois pas, mais jamais je n'aurais voulu avoir un enfant avec quelqu'un d'autre. Ils sont la preuve la plus concrète que tu puisses avoir de mes sentiments. Je ne m'attend pas à ce que tu les acceptes mais je sais que tu n'es pas du genre à fuir Isiah. »