Je fermais mon ordinateur dans un soupire, restant encore assis sur le sol, l'esprit rempli des images que j'venais d'imprégner dans ma tête. Moi, Timothée Ravenswood, j'avais le don pour me foutre dans la merde, et pas qu'à moitié. Amoureux de Hell depuis les premiers jours, le haïssant depuis les derniers, j'avais trouvé de quoi pourrir encore plus notre relation, Donovan Jenner. L'acteur qu'on avait choisi pour interpréter l'un des trois rôles principaux de mon premier long métrage. Corps de rêve. Visage angélique aux allures de démon. Le fruit défendu. L'attraction fatale. Ces heures de vol allaient être encore longues. Soupirant à nouveau, je rejoignais ma place en essayant de ne pas trop croiser le regard de Saul à qui je venais de tout avouer. Mettant mon casque sur les oreilles, j'essayais de m'endormir en écoutant la voix nasillarde de Jake Bugg.

Le soleil tapait fort aux Baléares, m'étirant longuement, je posais mes pieds pour la première fois sur le sol Espagnol. Lunettes de soleil sur le nez, je sortais une cigarette à peine arrivé dans la voiture qui nous emmènerait à l'hôtel. Vu sur la mer, génial, j'serai pas trop dépaysé de San Francisco comme ça. Un message à Arnora, une longue douche chaude et j'étais déjà reparti. Donovan arrivait dans une demi heure, et je m'empressais de prendre un taxi pour retourner à l'aéroport. Nerveusement, je passais une main dans mes cheveux alors que les premiers passagers venant de San Francisco arrivaient dans le terminal. Il était là. Avec ce même air sur de lui que la veille, et au fond, j'adorais ça. Peut être que ça me rappelait Hell. Peut être simplement que ça me rassurait, au fond. J'avançais vers lui, d'un pas rapide, un sourire fixé sur les lèvres alors qu'une de mes mains se tendait vers lui. Il avait dit qu'il ne voulait pas s'afficher, alors restons professionnels.


"Monsieur Jenner, quel plaisir de vous voir."

Donovan était grand, très grand. C'est un peu pour ça qu'on l'avait choisi d'ailleurs. Ses allures de mannequin correspondaient parfaitement au rôle de Blake. Sa démarche assurée me fit déglutir difficilement alors qu'il s'approchait de moi. Je laissais se fixer un sourire sur mes lèvres alors que le jeune homme me montrait la direction d'un taxi qui nous était destiné. Je remis mes ray ban sur le nez, et, mains dans les poches, je montais dans ce taxi en compagnie de Donovan, m'assaillant à l'écart.

"J'suis complètement explosé, j'ai du dormir une ou deux heures. Mais, ça ressemble un peu au paradis, ici. Et toi, comment vas tu ?"

Toutes ses futilités étaient inutiles; je savais très bien où il voulait en venir, ou plutôt, à quoi il voulait jouer. Et j'avais accepté de jouer, en étant dans ce taxi, avec lui, ne repoussant pas cette main interdite passant sur ma jambe. J'étais angoissé, peut être parce que j'étais persuadé de faire de la merde, peut être parce qu'il m'impressionnait, peut être qu'au fond aussi, j'avais l'impression de trahir Hell. Mais Hell ne s'était pas gêné, alors anyway. Je m'approchais un peu plus de lui, en jetant un coup d'oeil furtif au chauffeur qui ne pouvait nous voir. Je plongeais alors mon regard dans le sien, avec un sourire en coin. À mon tour, je déposais ma main sur sa cuisse, remontant légèrement vers l'objet de mon désir, celui que j'attendais impatiemment depuis la veille au soir.

"J'ai bien aimé notre conversation, en tout cas."

J'étais rarement allumeur, j'avais toujours eu pas mal de succès auprès de la gente masculine, et n'avais jamais eu de mal à foutre des gars dans mon lit, juste avec un simple sourire. J'étais la proie, le gibier, pas le chasseur. Je n'aimais pas être le chasseur de toute façon. J'aimais qu'on me cherche, qu'on me convoite, qu'on se mette en quatre pour moi.

Du haut de mon mètre soixante neuf, et avec mon visage enfantin, je n'avais qu'à me raser pour paraitre, dix-huit, peut être dix-sept ans. J'avais le physique d'un ado, la caractère d'un ados, et une vie d'adulte qui s'assumait pas. Je trouvais ça plutôt cool, d'agir comme un enfant, de partir comme ça, à l'autre bout de la Terre parce que j'ai un compte en banque indécent, alors que j'ai une tonne de travail qui m'attends à San Francisco. Je suis irresponsable. Et j'aime l'être, au fond. Et il a raison, j'ai l'air d'un enfant. J'ai l'air innocent. Je ne suis pas certain de l'être, finalement.

"J'ai vingt-trois ans. Bientôt vingt-quatre. Alors tu me dois le respect, petit jeune."

J'avais lu et relu le CV de Donovan des dizaines de fois. Comme pour m'imprégner de lui. Comme pour y trouver des choses qui me permettraient de mieux l'atteindre, de mieux le charmer. Pourquoi ? J'en savais trop rien. J'avais pas fermé l'oeil dans l'avion, regardant encore et toujours la vidéo de son casting. De son putain de sourire ravageur qui m'faisait de l'effet, un truc de dingue.

"Je ne suis jamais fatigué."

En moyenne, je dors trois ou quatre heures par nuit. Je sors probablement trop, et j'ai prit l'habitude d'aller courir tous les matins entre six heure et huit heure. J'ai un rythme de vie qui me tuera probablement bien plus tôt que prévu, mais j'arrive pas vraiment à me poser et ne rien foutre pendant des heures. Dormir, c'est une perte de temps. Je sentais sa main se poser contre la mienne pour la presser sur cette virilité qui se faisait déjà sentir à travers son pantalon. J'approchais mes lèvres de son cou, pour y déposer quelques légers baisers alors que ma main restait au niveau de son entre jambe, forçant les caresses, déboutonnant du bout des doigts ce jean ô combien inutile.

"Les tiennes sont désirables, j'aurai presque envie d'y gouter."

Je n'attendais pas vraiment d'accord de sa part, puisque je venais lui voler un baiser avant qu'il n'ait eu le temps de répondre. Le baiser, c'est plutôt un truc que je réservais à Hell. Quand j'étais ce petit gars qui baiser tout Paris, j'avais pour principe de ne jamais toucher les lèvres, enfin, du moins, pas avec les miennes. Pourtant, j'avais l'impression que du peu que je connaissais Donovan, il y avait une sorte d'alchimie entre nous. J'savais pas l'expliquer. Peut être que j'étais simplement comme une groupie devant cet acteur oscarisé que j'admirais particulièrement. Peut être que j'étais sous le charme de cette beauté atypique. Ou avais je simplement l'impression d'être avec Hell. À peu près la même taille, la même assurance, j'dirai presque le même sourire, le même parfum, et le même gout sur les lèvres. J'essayais de chasser Hell de ma tête alors que le jeune homme retirait mon t shirt, laissant apparaitre mon corps taillé par les nombreuses heures de sports. Je lâchais ses lèvres et me plaçais sur les jambes de Jenner, question sécurité routière, on repassera. À mon tour, je fis glisser son haut afin de découvrir son torse nu que je m'empressais de caresser du bout des doigts. Il avait un corps parfait, le genre bien taillé que j'adorais. Pas le gros mec qui fait de la gonflette, non, juste un peu comme une statue grec. Un sourire se dessinait sur mes lèvres alors que mon regard ne pouvait pas lâcher le sien.

"On va arriver dans environ 20 minutes, t'as des idées de quoi faire ?"