Une engueulade, un statut facebook, et te voilà déjà en route sur ta bicyclette avec l'avocate bien accrochée, juste derrière toi. Tu te marres bien au fond. Tu sais qu'elle a plus l'habitude des voitures, ou limite une moto. A vraie dire, lorsque ce ne sont pas ces flammes voluptueuses, que chaque partie de ton corps désire si ardemment, qui occupent ta tête, eh bien, elle reste vide, complètement aspirée par un abysse. Tu fais que pédaler, sans t'arrêter, jusqu'à ce que tu arrives à cette fameuse place. Un coin, au bout du parc, dans lequel tu aimes bien te perdre. C'est la partie la plus sombre, où il y'a le moins de lumière, qui gâcherait ce spectacle ébahissant que les étoiles pourraient t'offrir presque chaque soir. T'es un amoureux de l'espace, des constellations, tout ce qui peut se passer en haut, tout ce qui dépasse l'être humain en gros, et qui peut le détruire en un battement de cils. L'univers te fascine, tellement, que tu trouves ta vie de tous les jours, d'un ennui insoutenable.

Pour la dispute, ça s'est passé avec ton daron, qui a soudainement porté un intérêt à ce que tu faisais. Découvrant que t'étais pas à Yale, mais à l'université d'SF. Tu lui as bien promis pourtant que t'allais l'écouter, mais c'était juste pour que ça le choque encore plus, que de lui déballer ses quatre vérités tout de suite. Tu ne vas pas en parler à Denver, t'as déjà oublié de toute façon. Tu attends qu'elle descende, avant de laisser ta bicyclette posée à côté d'un arbre, juste devant vous. On y est, regarde en haut, c'est plus intéressant Je m'installe sur le banc, j'ai mon paquet d'allumettes qui me porte chance, sur moi. Je m'amuse en allumer une, laissant Denver profiter du spectacle. Y'a plein de choses qui se passent là-bas, et nous, on est emprisonnés par cette foutue pesanteur Je vois la petite flamme, se rapprocher de plus en plus de mon doigt, sentant la chaleur s'intensifier, je reste admiratif, comme à chaque fois.

J'essaye de m'accrocher de toute mes forces à Sylvester. J'ai peur de tomber en fait. Je suis pas du genre à faire des folies et à faire du vélo accrochée de cette façon à un garçon. Mais pourtant je suis en train de le faire. J'avais tellement envie de sortir de chez moi, d'oublier cette conversation avec Camil, de l'oublier lui. Il commençait vraiment à me sortir par les yeux celui là. Jamais à être content sur quoi que je fasse. Genre c'était moi la coupable. Enfin... cette colère, tant mieux. Ca m'aidait à passer à autre chose. Alors j'essayais de ne pas y penser, sentant le vent sur mon visage et mes cheveux que je n'avais pas attaché volaient doucement. Puis je le sentais ralentir, virant enfin le calvaire de la peur de tomber. Je le lâche doucement, terminant par poser mes pieds sur la terre ferme, passant une main dans mes cheveux qui étaient tout emmêlés à présent. Je regarde un peu autour de moi et je souris. Un endroit tranquille. C'est bien. On y est, regarde en haut, c'est plus intéressant Je m'exécute et je regarde. C'est beau. J'admire tous ces petits points blancs qui scintillent et je m'y perds. Y'a plein de choses qui se passent là-bas, et nous, on est emprisonnés par cette foutue pesanteur. Je baisse mon regard sur lui. Il s'est assis sur un banc en face de moi, et il y a cette toute petite flamme. Cette toute petite chose qui le fascine, vu son regard. Je ne dis rien tout de suite. Je termine juste par le rejoindre, m'installant à ses côtés, croisant mes jambes. Je le connais grâce à ça. Sa passion pour ce feu. Cette passion pour ce feu qui l'emmène jusqu'à faire des trucs débiles des fois. Éteins cette allumette Sylv... je dis, un peu soucieuse, le fixant.

Tu ne t'es jamais demandé pourquoi tu vouais une telle fascination au feu. Peut-être que tu es mort brûlé dans une vie antérieure, tu n'en sais rien,  tu ne veux même pas savoir. Tu préfères pas te prendre la tête, les flammes représentent ta psychose la plus intime, la plus ravageuse. T'as décidé d'aller à ce coin avec Denver, sans trop réfléchir. Tu l'aimes bien cette avocate, tu la trouves un peu trop raide par moment, mais ça a un côté mignon que tu ne peux pas nier. De toute, elle a sauvé ta peau, en te défendant pour l'affaire de l'incendie. L'air de rien, ce petit corps fragile cache une force insoupçonnable. Tu l'admires en quelque sorte ouais, mais comme t'es trop occupé avec ton allumette, tu n'y penses même pas, enfin pas à ce moment là en tout cas. Tu sens que ça commence à te brûler le doigt. Éteins cette allumette Sylv...  tu lâches, voyant tomber les débris qui restent. Tu poses tes iris marrons-verts, sur elle. Un beau petit sourire en coin. Tu en allumes une autre, que tu rapproches un peu de Denver, adoucissant ainsi ton regard, rêveur. Le feu t'embellit encore plus Denv' T'éloignes ensuite cette petite flamme, tu ne te rends même pas compte, que t'es entrain de terroriser ton interlocutrice. T'es tellement détaché de ce monde, tu n'y penses pas.

J'aimerai bien comprendre comment il peut avoir cette magnifique et à la fois terrifiante fascination pour les flammes. Ca m'intrigue. C'est vrai que les couleurs du feu et n'importe lequel de ses mouvements, c'est beau. Mais de là à s'en intéresser et tous les jours et à effectuer des actes de pyromanie... c'est ça que je n'arrivais pas à comprendre. Mais Sylvester me fascinait aussi, en quelques sortes. Par ses manières, par son regard trop profond, par ses phrases, ses gestes... Il arrive aussi des fois à me faire un peu trembler. Comme maintenant. J'ai l'impression qu'il peut faire n'importe quoi avec ce bout d'allumette en un rien de temps. L'imprévu. C'est ça aussi. Je le regarde laisser tomber l’allumette qui s'est lentement consumée et qui laisse échapper un léger fil de fumée. Je relève mon regard puis je croise le sien. Vraiment, il a de beaux yeux, s'en est presque énervant. Je reste perplexe, le fixant, alors qu'il en allume une autre. Je pince mes lèvres alors que je vois la petite flamme s'approcher de mon nez, Le feu t'embellit encore plus Denv'... je reste complètement immobile. Même s'il éloigne le feu de mon visage. Oui, il me fascine autant qu'il me perturbe. Tu es venu ici pour être en tête à tête avec la flamme... ou avec moi ? je demande, observant l'allumette se consumer.

Tu es venu ici pour être en tête à tête avec la flamme... ou avec moi ? Tu rapproches ta tête de celle de ton interlocutrice avec cette petite flamme, tu souffles, l'éteignant, l'assassinant. Tu repères cette fumée si fine, dansant devant le jolie visage de Denver. Tu laisses un sourire presque imperceptible se dessiner sur ton visage. Tu la perces du regard, tu la sens se figer déjà, à cause de tes gestes imprévisibles. Tu n'as pas non plus envie qu'elle soit terrifiée, à cause de ta fascination incontrôlée pour le feu. Tu aimerais juste passer un bon moment, et oublier cette discussion avec ton daron. Tu aurais aussi pu te plonger dans tes livres sur l'astronomie, les constellations, les astérismes.. ton autre passion, mais tu as préféré te retrouver en compagnie de l'avocate pour ce soir. Vous êtes toutes les deux très mignonnes.. je ne sais pas encore, je dois y réfléchir. Le pire, c'est que cette réponse est sincère, tu ne le dis même pas pour la taquiner, du moins, c'est ce que tu veux que Denver pense. Elle se vexerait peut-être, ou peut-être que ça lui fera plaisir, tu n'y songes pas trop. Tu éloignes ton visage, pensif, comme si tu réfléchissais sérieusement à une réponse pour cette question.

C'était peut être parce que je trouvais Sylvester différent des autres et particulièrement intéressant, que je restais avec lui ou que je me surprenais à passer du temps avec lui. Je sais pas, mais je me sentais loin de tout le monde qui m'entourait avec lui. Je me sentais passer à chaque fois dans un univers différent et bien loin de tout ce que j'avais imaginé. Je l'aimais bien, en quelques sortes. Il me faisait voir et rendre compte des choses que je n'aurai pas été capable de percevoir seule. Il s'approche, un peu trop, et je reste un peu tendue sur le coup, ne sachant pas si je devais regarder la flamme qui dansait devant mes yeux ou le regard trop bleu et perçant de Sylv. Il termine par souffler dessus, laissant la fumée s'échapper de l'allumette, l'odeur du brûlé imprégnant mes narines. Vous êtes toutes les deux très mignonnes.. je ne sais pas encore, je dois y réfléchir. je reste silencieuse, ne sachant pas trop comment prendre ce qu'il vient de me dire. Je le fixe juste, jusqu'à qu'il éloigne son visage du mien, je respire un peu mieux. Bah réfléchis vite, sinon moi je m'en vais... je termine par répondre, regardant un peu autour de moi, en me demandant comment j'allais rentrer chez moi. Taxi sans doute.

Denv pour toi, c'est cette fille fragile, sensible, très douce, qui mérite un traitement spécial. Elle fait partie de ces rares personnes que tu respectes, et dont tu tolérerais la présence, parce que t'aimes pas tellement te retrouver avec plein de monde. Sociabiliser, parler aux autres, cet échange est inutile à tes yeux s'il n'est pas fait pour un certain but. Enfin, de la parlotte inutile, tu pourrais aisément l'accepter, avec cette liste de personnes dans ta tête, avec qui tu peux parler. T'as bien conscience du fait, que tu vis cloîtré dans ton monde, un vaste monde étoilé où les flammes du soleil se baladeraient majestueusement autour de toi. C'est un peu bête, mais c'est le background de tes pensées. Toutes, même les plus basiques.  Bah réfléchis vite, sinon moi je m'en vais... Tu lâches un sourire, amusé par sa réaction et tu la prends spontanément dans tes bras, l'entraînant vers toi. C'est bon, chui avec toi Tu poses ta tête contre la sienne, toujours avec ton regard presque absent et rêveur. T'veux faire quoi?