Qui est-ce qui vient me déranger à cette heure ? Après avoir mis mon jeu en pause, je retirais le casque et le micro que j'avais sur la tête pour les faire glisser autour de ma nuque, puis me levais pour aller ouvrir à la porte. Peut-être qu'Aksel avait décidé de faire une visite improvisée ou alors que Lera s'était finalement dit qu'elle ne perdait rien à passer une soirée ici plutôt qu'ailleurs. Ptetre même bien que Gaïa venait s'excuser pour ses réactions de l'autre jour au téléphone ( okay j'ai rigolé en écrivant ça xD) alors qu'elle savait pourtant très bien que je n'aimais pas qu'on s'insinue dans les détails de ma vie privée.

Sans réfléchir plus longtemps, je tendis un bras pour ouvrir la poignée et... quoi ? Presque aussitôt que le visage de la jeune femme qui se présentait à moi était apparu dans mon champ de vision, j'eus envie de l'envoyer balader en lui donnant limite de l'argent pour le taxi dans la main, mais quelque chose me retenu. Lilas était d'une pâleur cadavérique et semblait en nage, ce qui me fit lâcher ma porte pour m'approcher d'elle sans hésiter pour la tirer à l'intérieur et refermer derrière moi avec un pied.

Devant mon ordinateur, je regardai les gens venir m’attaquer sur facebook. « Tu vois Lilas, même tes amis te délaissent. » Ce qui m’acheva fut les commentaires de Gaia. Alors, je fermai un moment les yeux avant de voir le commentaire de Drake. « Il en a rien à foutre de ta gueule. » Mais tais-toi, tais-toi. Je finis par me rouler en boule sur mon canapé. Je pensais que je serai assez forte, assez forte pour pouvoir arrêter mes médicaments, assez forte pour faire face à l’extérieur. Assez forte pour croiser son visage, pour pouvoir le voir en draguer d’autres, pour supporter l’absence de Luke, pour supporter l’absence de mes amies. Mais ai-je déjà eu réellement des amies ? Je me levai alors pour fixer mon salon et me mettre à hurler. Tout, tout, je ne supportai plus rien. Mes mains se mirent à envoyer voler les objets, à casser tout ce que je trouvais sous la main. Mon portable, mon ordinateur, ma télévision, mon lecteur DVD, tout. Tout était en débris. « Disparais. » Je me mis alors à courir pour aller dans la salle de bain et m’appuyer contre le lavabo et vomir. Vomir ce que j’avais au fond de l’estomac puis relevant la tête, je fixai mon reflet flouté avant de cligner des yeux et voir une silhouette derrière moi. Je fermai les yeux. Plus fort, plus fort, toujours plus fort et les images se succédèrent. Les chaines sur mon corps, ses mains sur moi, ses coups. Ouvrant de nouveau, mon poing se perdit dans le miroir. Le verre s’enfonça dans ma paume mais je ne me mis pas à crier. Je me baissais finalement pour ramasser un fragment que j’enfonçai plus profondément dans ma chair. Le sang coula sur le parquet. Mais qu’est-ce que je fais ? « Appuie plus fort. » Mais qu’est-ce que je fais ? Je jetai l’objet avant de prendre peur.

Je pris donc mes jambes à mon cou. Mon bras ensanglanté, je quittai ma maison avant de me perdre dans les rues de San Francisco. Je n’aurai pas du sortir. « Tu aurais surtout pas du t’en sortir. »  C’est vrai, c’est vrai. Je montai sur le pont pour marcher comme un funambule dessus. Je devrais me jeter dans le vide et me noyer. Me noyer. Ne plus respirer. C’est comme un rêve. Ma vie est un cauchemar. Mais qu’est-ce que je fais ? Je descendis alors pour voir que j’étais perdue. Je savais pourtant, je savais. Je me remis à courir sans tomber plusieurs fois. Ma main dans une flaque d’eau, j’aperçus mon reflet et je me remis à hurler. « Fais-le. » Non, non. J’ai promis. Me remettant sur pied, je perdais l’équilibre, prise de vertige. Où suis-je ? Que fais-je ? Je pris ma tête entre mes mains, sentant le liquide chaud couler sur le coin de mon visage, se perdre sur mes vêtements, atterrir sur le sol et je restai un moment fascinée par le liquide rouge. Je me baissais pour le toucher du bout des doigts lorsque ma respiration se bloqua net. Je peinais à respirer. Mettant mes mains autour de mon cou, je me reculai pour me heurter à une porte. Ma tête cogna lourdement contre le bois, à plusieurs reprises. Je sentis une douleur aiguë sur le sommet de mon crâne avant de relever pour sentir cette dernière s’ouvrir. Je me tournai alors pour faire face à mon démon. « NOOOOOOOOOOOON, me mis-je alors à hurler. » Je voulus me dégager mais il fut plus fort. M’attirant contre lui, je me laissais tomber contre la porte, peinant toujours à respirer. « Fous-lui donc la paix. » Baissant la tête, je me mis à trembler ramenant mes genoux contre ma poitrine. Puis, ce fut de nouveau plus fort que moi. Je fis basculer ma tête en arrière avant de me remettre debout et échapper à mon interlocuteur, courir dans la cuisine à la recherche d’un objet. « Je dois… je dois… je dois… » Je n’y arrivai pas alors je me tournai vers lui. « … Partir. »