Le vent fouettait mes cheveux. L’air frais m’arrachait quelques frissons. Assise sur la corniche, les pieds dans le vide, je regardais l’océan tandis que Vladimir jouait en contre plongée avec Caramel. Un mince sourire apparut sur mes lèvres tandis que je descendis. Mes talons s’enfoncèrent instantanément dans le sol tandis que je les retirai pour les frotter doucement et marcher pieds nus vers eux. « On va y aller, je dois aller travailler. » Huit heures, vingt-trois heures. Je cumulais trois emplois et je me nourrissais peu. Je savais que j’avais une mauvaise hygiène de vie mais je devais oublier. Oublier que ça allait mal avec mon copain. L’était-il encore ? Oublier que ma mère… Oublier tant de choses. Oublier tous ses souvenirs qui me hantaient encore après toutes ces années. « Faites attention à vous Katniss. » Faire attention à quoi ? À qui ? Pour qui ? Pourquoi ? Tant de questions qui se bousculaient dans ma tête comme des voitures se doublant sur une autoroute. Je suis à la croisée des cheveux et plus perdue que jamais. « Tu vas où Maman ? » Je me tournais vers mon petit garçon avant de passer une main dans sa tignasse ébouriffée par le vent. Je souris avant de m’agenouiller pour redresser sa veste avant de lui répondre. « Dans un parc, j’ai rendez-vous pour un shoot. » Il avait compris que ma vie était difficile et je devais l’emmener chez sa nourrice pour pouvoir travailler correctement.

Quatre heures après ; présente dans ce parc, je me faisais engueuler par le styliste tandis qu’on essayait de m’habiller correctement. « Regarde-toi chérie, tu es squelettique. Mange un peu. » Je lui fis un sourire désolé tandis qu’il arrangeait mes vêtements et que la coiffeuse s’occupait de mes cheveux. Une longue tresse défaite sur le côté, une large paire de lunettes, le produit que nous devions vendre et je ressemblais à une poupée de porcelaine. On m’a proposé ce job alors que je me baladais dans la ville. Pas mannequin, juste modèle de temps en temps pour quelques marques encore inconnues. Aujourd’hui, je devais vendre des lunettes. Le mec lança la musique pour nous stimuler un peu et je reconnus le morceau mais pas l’artiste. Je soupirai tandis que je me mettais au centre de l’attention, moi qui n’y suis pas habituée. « C’est quel groupe ? Demandai-je curieuse. » Le photographe grommela le nom d’un groupe de midinettes que je ne connaissais pas et je me mis à travailler. « Délicate Katniss. Tu es une écolière innocente, tu aimes tes lunettes. » Délicate ? What ? Il vint se mettre derrière moi pour me positionner comme il le souhaitait « et mange un peu. » Oui, je sais, je sais. Je repris mon job sans me soucier que j’étais observée. La musique changea pour un truc d’ado que je connaissais déjà et emportée par l’élan, je me mis à danser avant de finir par terre en riant. « C’est ça, c’est ça Katniss, continue. » Eh bah, il lui en faut peu. Je me levais pour épousseter mes vêtements. « Deux minutes de pause. Tiens-toi, me dit-il en me tendant un billet de cinq dollars, va te nourrir un peu. Tu vas devenir transparente. » Je me mis à battre des cils comme une biche avant de prendre timidement le billet pour aller dans un café bio qui était dans le parc. « Je vais vous prendre une salade de fruits et un jus de pommes. » Puis, la main tremblante, je lui donnais mon billet avant de prendre mon maigre repas et de reculer sans faire attention. C’est là que je trébuchais sur quelqu’un en renversant tout le contenu de mes vivres par terre. « Oh non, mon repas. » Et là, comme une gourde, je me mis à fondre en larmes.