Je m’étais pointé devant l’appartement de William à 19h comme convenu sauf qu’il n’était pas là, lui toujours ponctuel. Je ne me suis pas inquiété outre mesure me disant que son affaire avait duré plus longtemps. 19h30. Toujours rien. Je lui laissai un message. 20h00. Silence radio. Un autre message. Et quelques minutes plus tard un appel de sa sœur m’informant qu’il était à l’hôpital, dans un état critique certainement vu ses pleurs. Une fois l’appel terminé, je me ruai dans ma voiture en direction de l’hôpital. Je ne comprenais pas ce qui s’était passé, lui à l’accoutumé si prudent et méthodique. Comment avait-il pu échouer de la sorte ? L’appréhension me triturait les entrailles. J’ignorais quel était son état exact, n’ayant pas plus interrogée Katniss. Je préférais le voir par moi-même qu’une rapide description téléphonique. Arrivé à l’hôpital, je demandais la chambre de mon ami que l’on m’indiqua après une longue hésitation, les heures des visites étaient depuis longtemps passées et dieu que je m’en fichais. Néanmoins je gardais cela pour moi et me montrai plus sympathique encore que d’habitude, charmant la jeune demoiselle et elle céda. Ce n’était pas trop tôt. Je me dirigeais rapidement, courant presque vers le lieu indiqué. Alors que m’apprêtai à pénétrer dans sa chambre, je l’entendis jurer comme un camionneur, signe qu’il n’était pas mourant. Je soupirai brièvement avant d’entrer.

« Bah ptain, le moins que l’on puisse dire c’est que tu m’as foutu la frousse ! »

Je tirais le fauteuil près du lit et m’y assis puis portai mon regard inquisiteur sur lui, le détaillant. Son visage était d’une blancheur cadavérique.

« T’es pâle vieux, faudra vraiment la faire cette séance bronzage. »

Je souris un instant, sourire qui s’évanouit dans le seconde et je vrillai mes prunelles dans les siennes.

« Bah, tu m’expliques comment tu t’as fini ici ? »

Je me contentais à sa question. Elle n’avait même pas lieu d’être. Il devrait le savoir que je ferais tout pour lui éviter les ennuis et que je serais toujours là s’il avait besoin de moi. Je n’allais décemment pas le laisser tomber dans un tel moment, surtout que cela pouvait avoir des répercussions graves sur lui. La prison par exemple, ce qu’il ne supporterait pas, pour l’avoir ou bien encore l’hôpital ou que sais-je encore. Je savais que la liberté était primordiale. Bref, de toute manière, il était hors de question qu’il lui arrive quoique ce soit si j’étais en état de l’empêcher.

« T’as même pas à me poser la question, tu sais bien ! »

Je lui souris, songeant à toutes ces années que nous avions passé à veiller l’un sur l’autre. Frères. Frères d’armes. Frères de sang. Nous avons toujours mieux travaillé à deux, il n’y avait qu’à voir où j’avais terminé lorsqu’il s’en était allé. Nous savions que nous pouvions nous reposer l’un sur l’autre sans crainte d’une quelconque trahison, ce qui n’était pas rien vu nos caractères et notre méfiance à l’égard d’autrui.

« Allez, décris-moi un peu le bordel qui m’attend là-bas, histoire que je me fasse une idée ! »

J’écoutais religieusement mon meilleur ami, songeant à la tâche qui m’incombait, à ce que je devais avoir à faire. J’inspectais discrètement la salle, perplexe. J’avais connu William nettement plus prudent et dans notre binôme, j’étais celui qui avait plus de chance de terminer à l’hosto. Quoique non à deux, cela n’était jamais arrivé. Complémentaires au possible. Cela m’agaçait profondément de le voir là, je me sentais responsable de cette situation. Bon certes il avait besoin de sa liberté, de son indépendance, nous avions tous deux nos affaires personnelles à régler, je ne pouvais donc pas le suivre partout, dans chacune de ses actions. Mais je tenais toujours autant à assurer ses arrières, comme avant. Je me disais souvent que l’on n’aurait pas dû quitter cette époque ! Nous étions si insouciants, enfin pas exactement…on l’était moins que maintenant. Et quel meilleur moyen que de nettoyer après s’il avait besoin. Je savais qu’il en ferait de même pour moi. C’était bon de savoir que nous avions une telle personne à ses côtés. Cela avait quelque chose de rassurant. Quelqu’un en qui tu pouvais croire sans crainte d’une quelconque trahison. Quelqu’un comme William. La seule et unique personne en qui j’ai tant de foi. C’était plaisant qu’il y ait toujours au moins quelqu’un pour ne pas nous trahir. La confiance et la loyauté étaient bien rares de nos jours. Surtout dans l’univers dans lequel je baignais où les gens n’auront aucun scrupule à retourner leur veste pour une meilleure proposition, heureusement il y en avait certains qui sortaient du lot. Je pensais notamment à ceux avec qui je m’étais associé, plus particulièrement à Kate dont l’aide ne me serait pas inutile aujourd’hui.

« D’accord…le mieux est donc que je m’y mette très vite vu que vous êtes partis en catastrophe, sait-on jamais, les voisins auraient pu être alertés même si ce n’est pas le cas, il faut agir très rapidement et je pense que j’aurais besoin d’un professionnel. »

Je marquai une pause, sachant très bien que William n’était pas pour le partenariat avec des inconnus. Et je le comprenais, cependant, j’étais sur lorsque j’affirmais qu’il pouvait croire en Kate.

« Je te rassure c’est quelqu’un de confiance qui m’a sauvé la mise quand j’en avais réellement besoin. »

Je lui parlai d’Elia, le flic que j’avais aux fesses depuis peu et qui s’était juré de me faire tomber afin de reprendre sa revanche sur moi après le double jeu auquel j’avais joué avec lui et Kate s’était occupée de supprimer et de brouiller mes traces, ce qui avait sauvé mon cul.

« Je ne t’en avais pas parlé pour ne pas t’inquiéter, mais j’ai d’autant plus besoin d’aide sur ce coup car je sais qu’il ne me foutra pas la paix, il faut que je fasse preuve de beaucoup de prudence d’où Kate. »

Tout en parlant je me dirigeais vers ses vêtements pliés sur une chaise et trouvai la clef dont il m’avait parlé et la fourrai immédiatement dans la poche de mon pantalon puis retournai près de lui.

« Ah, tu sais que si j’étais une fille ça ferait de nous des lesbiennes ? Et tu comprendras que vu comment je suis foutu, ce serait un vrai malheur pour la gente féminine ! »

Je sentis instantanément que l’humeur n’était plus à l’amusement. Je savais qu’il ne supportait pas que je mêle une tierce personne à cette histoire, ne faisant confiance à personne, qui aurait pu l’en blâmer ? La confiance était devenue une valeur bien trop rare pour que l’on puisse aveuglement entraîner quelqu’un d’autre dans nos affaires. Surtout les autres. Bien qu’il fût quelque peu agacé par ce cas de figure, je savais qu’au fond de lui, il n’ignorait pas que jamais je n’aurais pu faire quelque chose qui puisse le mettre en danger. Que jamais je ne permettrais à une personne, quel qu’elle fût de lui faire du mal. Cela avait toujours été comme ça entre nous. Protéger les arrières de l’autre. Et cette fois n’échappera pas à la règle. Bon, certes, je ne l’accomplirais pas seul mais dans un délai aussi court, je doutais être réellement efficace sans une quelconque aide extérieure.

« Je pense tout de même faire une balade en mer donc j’aurais besoin des clés de ton bateau. »

J’allais les récupérer dans les poches de son pantalon comme il me l’avait indiqué puis pris congé sur un sourire. Je savais qu’avec ce que je lui avais dit, il n’était plus d’humeur à discuter et moi j’avais du pain planche. Je conduisis jusqu’à chez moi où je changeais autant de vêtement que de voiture, optant pour la camionnette qui était plus adaptée à ma situation.