Mardi, 14h. J’étais en pause midi depuis une bonne demi-heure. L’enregistrement avec le nouveau groupe avait durée toute la matinée. C’était bien. Nous étions en avance sur le planning. Cela voulait donc dire que nous aurions fini plutôt que prévue l’enregistrement de leur premier album. Mon père allait être content. Non seulement de mon travail en tant qu’Assistante Manager, mais de tout le travail qu’on avait fourni cette dernière semaine, l’équipe ainsi que le nouveau groupe. Je connaissais mon père très bien dans le domaine du travail. Je savais comment il travaillait et comment il aimait que les choses soient faites. Rapidités et performance voilà les deux mots que nous adorions mon père et moi. Je pris mon Macbook et me dirigea vers le Starbucks. Bien que ce fût ma pause déjeuné, j’avais encore des samples d’autres musiciens à écouter. Tout le temps en train de travailler. Je n’arrivai pas à m’en défaire. J’étais comme ça. Toujours à 100% dans ce que je faisais. En vérité, ce n’était pas vraiment ça. J’exécutai le plus de travail possible avant l’opération et le procès. Ces deux dates étaient gravées dans ma tête. Je ne pourrai pas les oublier. Le premier à venir était le procès. Le 16 juin à 14 heure j’allai enfin savoir si j’aurai Zaara était ma fille pour toujours ou si le jury populaire avait décidé de me l’enlever. Je ne savais pas comment je réagirai face à cette annonce-là. Perdre ma fille était une de mes plus grandes craintes. La deuxième date était l’opération. Le 23 juin. Exactement une semaine après le procès. Tout s’approchait à grand pas maintenant. Une semaine avant le procès, deux semaines avant l’opération. Deux semaines avant que ma vie ne change radicalement. J’entrai donc dans le Starbucks et commandai mon Caffé Misto et Egg Salad Sandwich. Je n’avais pas spécialement faim. Je m’installai alors à une table, ouvrit mon ordinateur et commençai à écouter les samples. Une fille entra dans le café, laissant un courant d’air passer. Je relevai ma tête pour la regarder. Elle me disait quelque chose mais je ne sus plus d’où. Après avoir commandé, la jeune fille s’approcha de moi. Je me demandai bien ce qu’elle voulait de moi. " Pardon mais, On se connaît, non? " J’enlevai mes écouteurs après avoir entendu ses paroles par dessus la musique. C’est vrai qu’elle me disait quelque chose. Peut être était-elle passé un jour au Studio, ou peut être l’avais-je vu à une audition lorsque que je faisais encore du théâtre. J’essai de m’en rappeler mais en vain. « C’est possible. » lui répondis-je en souriant.

La jeune fille m’accabla de questions de tout genre. Alice au pays des merveilles, la reine de Cœur, audition, Alice. Maintenant qu’elle en parlait, c’est vrai que sa petite tête blonde me disait quelque chose. L’audition pour Alice Au Pays des Merveilles avait été pour il y a plus de quatre mois. Je ne m’en souvenais presque tout. C’était il y a tellement longtemps, avant tout mes problèmes de santé, de famille et maintenant de survies. Je me remémorai cette journée assez spectaculaire. J’avais auditionné pour le rôle de la reine de cœur dans une adaptation théâtre d’Alice au Pays des Merveilles. Ce n’était pas vraiment un de mes pièces préférées, je préférai nettement plus le livre de C.S. Lewis mais cela faisait parti d’une des tâches qu’on devait faire lorsqu’on faisait des études de théâtre. Aujourd’hui je ne faisais plus de théâtre. Après mon retour d’Angleterre, j’avais arrêté pour me consacrer à élever Zaara et à me faire de l’argent grâce au travail que je faisais chez mon père. Je n’avais plus le temps pour faire des études. Mais je dois dire que le théâtre me manquait quand même. Cela avait été ma passion depuis que j’étais toute petite avec la musique. Il y a deux ans j’avais abandonné la musique pour me consacrer au théâtre, maintenant c’était le contraire. Enfin pas spécialement, je ne voulais pas me lancer dans le domaine de la musique en tant qu’artiste mais mon job de manager me plaisait bien. Je pris une gorgée de mon café et observai la jeune fille plus attentivement. C’est vrai que sa tête me disait quelque chose. Quelque chose avec S. Say, Sane, Shayne. Voilà c’était ça, Shayne la petite fille blonde un peu hystérique qui avait auditionné pour Alice. « C’est Shayne ton prénom ? » Je repris une gorgée de mon café. « Oui oui j’ai été prise mais pas pour le rôle de la Reine de Cœur. » lui répondis-je en souriant. Je me rappellerai toujours de cette pièce où j’avais jouée une des fleures. Le théâtre, une passion que j’avais abandonnée pour des raisons personnelles.

Je regardai la fille faire ses petits trucs. Elle était marrante je devais l’avouer. Elle avait l’air d’une vraie puce électrique et j’aimai bien cela. Je devais dire qu’elle m’amusait beaucoup. J’avais vraiment besoin de changer d’air, d’entourage. Shayne avait vraiment l’air sympa. Son petit air « gamin » me plaisait bien. Je devrais peut être faire plus ample connaissance avec elle, histoire de me renouer avec le théâtre un peu. Je devais avouer que cela me manquait énormément. J’allai peut être recommencé lorsque la situation dans ma vie se serait calmée, donc cela voulait dire après le procès et après l’opération. Le théâtre me manquait énormément. Être sur scène me manquait. Être devant une caméra me manquait. Apprendre mes lignes et les réciter me manquaient. Tout ce qui était en rapport avec le théâtre. Je répondis à ces questions en souriant. Lui décrivit la représentation, les répétitions et tout ce qui allait avec. Je me rendais compte à quel point cela me manquait en vérité. Je n’avais pas remarqué cela avant, mais maintenant c’était le cas. Je lui expliquai aussi que pour des raisons personnelles j’avais dû arrêter. Cependant, je n’approfondissais pas le sujet. Je n’aimai pas parler de la raison pour laquelle j’avais arrêté ma passion. Ce n’était pas ces affaires mais les miennes. Soudain, son téléphone sonna. Je dois dire qu’elle avait du goût niveau musique. Nirvana comme sonnerie, c’était plus que bien. Je pris une nouvelle gorgée de mon café, et une nouvelle bouchée de mon sandwich qui fut la dernière bouchée. Je formai une petite boule de parti avec la serviette et le déposai sur mon plateau. Je rangeai mon ordinateur dans mon sac. Je n’en avais plus besoin maintenant. La jeune fille raccrocha puis lança ses déchets dans la poubelle. En plein dans le mille. Qu’elle était douée cette petite gamine agitée. Je sentis mon téléphone vibré dans mon sac. Je le sortis en vit un sms de la part du manager. « On recommence dans 15min. » Je regardai ma montre. Ok j’avais exactement 10 minutes pour arriver au studio à temps. Je me levai et prit mon café. « Je suis désolée, mais je dois retourner travailler. » Je lui souris et lui tendit ma main. « Ce fut un plaisir de vous revoir Shayne. Moi c’est Imogen. »