« Elle avait enfoui quelque chose en elle, très profondément, une chose dont elle avait déjà été consciente mais qu’elle avait choisi d’oublier. »

Ma mère me disait souvent lorsque j’étais jeune, que je devais toujours croire en mes rêves. Que c’était des illusions que je créais dans mon esprit, mais que si je fermais les yeux très fort, et que si mon cœur espérait, alors tout est possible. Il suffit juste d’y croire… Mais… Quand on grandit, on ne croit plus en rien.

Je suis née à Baldwin dans le Michigan. Mes parents, Alec et Kelly sont des agents de la CIA. Vous savez donc ce que cela implique. Du foutoir, du bordel dans ma vie. On dit que la stabilité est ce qu’il y a de plus important pour le confort et l’apprentissage d’un enfant. Hors, j’ai déménagé plus de dix fois en seulement cinq ans d’existence. Vive la stabilité. J’avais à peine le temps de m’habituer à une maîtresse, à me faire des amis qu’on me foutait dans une voiture et qu’on roulait durant des heures avant de me montrer une nouvelle chambre. Je mettais du temps à la décorer, à me l’approprier et puis… C’était reparti. Une galère. J’entendais souvent mes parents se disputer, enfin ma mère pensait que ce n’était pas sain pour moi. Et mon père disait que je m’en souviendrais pas, que les souvenirs de bambins n’était pas les plus important. Ô combien tu as eu tord de penser ça papa. Car je me souviens d’énormément de chose. De beaucoup des maisons dans lequel nous avons habités, des prénoms des amis que je me suis fait. Même de ceux de mes maîtresses. La mémoire d’un enfant est grande et si elle est travaillée correctement alors, c’est phénoménal le nombre d’information que l’on peut garder en souvenir. Mais malgré tout ça, j’aimais mes parents. Ma mère était mon modèle. Elle me parlait souvent, me confiant et ouvrant mon esprit. Rien n’était trop anodin à ses yeux pour moi. Tout avait son importance. Elle était tactile, et si belle. Et puis mon père, sous ses airs bourrus, c’était un gros nounours. Il me prenait souvent sur ses genoux et me chatouillait les côtes. Ou alors, il prenait une mousse au chocolat en dessert. Et lorsque j’avais finis la mienne, il faisait semblant de ne plus avoir faim pour me donner la sienne. Il me montrait des photos de tous les voyages qu’il avait faits. Ils avaient des défauts, mais… C’était les meilleurs parents au monde pour moi. Même si je détestais tous ses déménagements.

Seulement, la vie n’est pas toute rose. Il y a toujours du noir, un gros traits disgracieux qui vient tâcher le nuage rose dans lequel tu es. Pour ma part, ça été la mort tragique de mes parents. Non, le meurtre. Ils ont été tués. Sous mes propres yeux. J’avais six ans. Et je sens encore l’odeur de cuivre qui se rependait dans le salon. J’entends encore les cris d’agonies de mon père, les supplications de ma mère. Je vois encore l’étendue de sang qui arrivait comme une vague vers mes chaussons rose. Et je me souviens de son regard. De mon briseur de rêve, de celui qui a en cinq minutes, détruit toute ma vie. Ses yeux marrons foncés, expressif de violence et de sadisme. J’en ai fais des cauchemars durant des années. Il m’arrive souvent de me réveiller en hurlant. Je suis restée toute la journée, raide comme un piquet devant la marre de sang de mes parents. Devant le beau visage de ma mère à jamais figé dans une expression d’horreur et de douleur. Je me souviens m’être couchée auprès d’elle, entourant mes épaules de son bras raide et froid. Je me souviens du sang sous moi, sur moi lorsqu’on m’avait retrouvé. Je me souviens des cris de dégouts, des phrases et de la peine des gens autour de moi. Je suis restée taciturne de long mois. On ne savait pas où me placer. Je me suis retrouvé en maison d’accueil quelques jours. Jusqu’à ce que je me cogne la tête contre un mur à force d’être harcelé par les yeux marron dans ma tête. J’ai fini par être placé dans une maison du bonheur, comme on m’avait dit. Plus tard, j’ai su que c’était une maison pour les cas dérangé. Les fous. L’asile. J’étais suivi par une psychologue où j’étais obligée de parler tous les jours. Seulement, je n’ai jamais prononcé un mot de tout ce qui s’est produit, de ce que j’ai ressenti. De ma peine, dans l’état de profonde dépression dans lequel j’étais. Je ne voulais qu’une chose, changer l’expression de ses yeux marrons satisfait. Je voulais l’entendre supplier comme l’avait fait ma mère. Je voulais l’entendre agoniser. Je voulais sentir l’odeur de son sang, le voir gicler les murs. Je voulais le tuer, le faire souffrir. Lui retirer tout ce qu’il m’avait volé en cinq minutes.

C’est à l’âge de douze ans que j’ai finis par commencer à parler. Car j’avais entendu que tant que je ne parlais pas, je resterais ici. J’étais un cas traité différemment. Je n’avais pas de médicament à prendre pour me calmer. Sauf lorsque j’avais des crises. Car oui, il m’arrivait de laisser parler la violence que je ressentais. Aussi j’avais planté ma fourchette dans la main d’un homme qui m’avait effleuré le bras. J’avais également fracturé le bras d’une fille qui avait simplement voulu être mon amie. J’ai fais part une fois de ce que je voulais faire à cet homme. J’ai été changé de chambre. Et j’ai été encore plus suivit. Alors, j’ai changé de comportement. Je me suis mise à inventer des souffrances. A parler, à pleurer pour qu’il me laisse tranquille. Et ça fonctionnait. J’ai pu sortir de cette prison à ma majorité. Enfin. Dix-huit ans, ce n’est pas la majorité suprême mais je pouvais me prendre en charge toute seule. Je n’avais qu’une idée en tête, qu’un seul projet, le retrouver. Au départ, c’était uniquement pour le tuer. Mais… Une autre idée à germer dans mon esprit. En plusieurs années de liberté en dehors de l’hôpital psychiatrique, j’ai pu prendre conscience de mon potentiel. De ma beauté fragile qui attirait les hommes forts. Si je plaisais à tous ses hommes, je ferais tout pour l’attirer. Et finir par l’emprisonner entre mes filets. Et oui, toi qui me disait « Sweet Dream Suzie Q » en a un nouveau. Et je compte bien le réaliser sans que tu me le voles cette fois-ci.