Just you & me
Now!
E L E A N O R & E V E L Y N

Le matin. J'ai toujours été du matin. Enfin, j'étais du matin auparavant. Maintenant, je devais me contenter de me lever, regarder à quel point je grossissais – normal j'avais une fillette dans mon ventre – et allai ensuite vomir. Charmant, n'est-ce pas ? Enfin, les choses allaient 'mieux' depuis quelques temps. Les nausées s'étaient estompées et j'aurai tant aimé que les cauchemars aussi. Mais apparemment, mon défunt fils ne voulait pas me laisser en paix. Ou alors était-ce tout simplement le fait que je culpabilisai parce que j'aimais – aimer est un bien grand mot mais signifie souvent avoir de l'affection pour quelqu'un – quelqu'un d'autre que son père. C'est vrai que j'avais eu deux enfants avec Calvin. Matthew et Mélodie. Je ne comprenais pas pourquoi je voyais Matthew plus vieux alors qu'il était mort depuis trois ans ? Et seulement depuis le début de ma grossesse ? Peut être devrais-je aller voir un psychologue ? J'me voyais pas en parler à mes amis. Pour leur dire quoi ? « Hé les gens, je rêve de mon enfant qui est mort à la naissance mais sinon tout va bien. » Super, j'étais déjà cinglée à cause de mon épilepsie alors si en plus, on m'emmenait dans un asile, je me pendrais avec les sangles.

Je regardai l'heure pour manquer d'avoir une attaque. Sept heures trente. Nom de dieu, j'avais encore tant à faire. Mes cartons, fumer ma clope, mon yoga spécial femme enceinte, aller chercher mes médicaments, regarder mes mails, voir que je n'en avais aucun et pleurer comme une bécasse parce que le connard que j'appréciais était un enfoiré de merde de la pire espèce. Putain mais faites qu'il crève. Enfin non parce que sinon, je devrais trouver quelqu'un pour à nouveau m'envoyer en l'air mais je n'avais pas envie. Je commençai donc par faire tout ce que j'avais à faire. La veille, j'avais un tout petit peu cassé l'appartement, collée les affaires de ma demi soeur biologique dans un coin et casser quelques murs histoire de faire de nouveau aménagement ou de passer mes nerfs. Enfin, je comptais bien revendre cet appartement – après avoir tout retapé bien sûr – et de ne plus y remettre les pieds. Ou alors de... faire sauter l'immeuble ? Je déraillai grave. Waaaa! Bref, je décidai donc de mettre mes trente cinq milles robes dans un carton puis ensuite pris mes chats que j'aimais tant pour jouer avec Robbyn et le mettre dans sa cage de transport. Les deux autres chats y étaient déjà et miaulaient comme des dératés. Je soupirai avant de passer ma main dans ma tignasse emmêlée et de regarder aux alentours pour voir si je n'avais rien oublié. Mise à part le piano que les déménageurs venaient chercher dans la journée, il ne restait plus rien sauf les affaires de Ginstorm. Je soupirai, m'apprêtant à laisser mes souvenirs derrière moi. La première fois que j'étais entrée dans cet appartement, j'étais avec Calvin. Nous étions heureux, nous avions des projets et maintenant tout était parti dans un nuage de fumée. Assassinés. On avait tué mes projets en même temps que mon coeur. Impossible à réparer. Infranchissable. J'avais commencé à aller mieux en trouvant Sonic. Je me sentais mieux mais maintenant. Je n' avais plus personne à aimer. Je me sentais vide. Je me posai à terre pour réfléchir. Prenais-je la bonne direction ? Je laissais tomber quelqu'un. Je le laissais tomber. Mais je n'avais pas vraiment le choix. Alors, je pris une dernière fois mes clés, laissant couler une larme, l'unique et partis les cartons sous le bras sans aucun regret.

Je ne reviendrai pas avec les déménageurs chercher le piano. Pas besoin, ils étaient déjà en bas. Alors, je leur donnais la clé et attendis dans le camion qu'il le charge. Sonic avait pris mes clés de voiture, il avait pris ma voiture. Donc, je ne pouvais plus conduire. La route jusqu'à chez Eléa n'était pas longue donc nous fûmes arrivés avant que je n'eus le temps d'essayer de calmer le chat qui essayait de me griffer. Saleté! Je suis enceinte alors fous moi la paix, félin de malheur. Un des déménageurs me tendit la main pour me faire descendre et j'acceptai avec plaisir, manquant cependant de tomber à la renverse et fut rattrapée par un autre mec barraqué. Souriant de toutes mes dents, je me dégageai de l'étreinte du mec pour leur dire d'attendre et me diriger vers la maison de ma meilleure amie. J'arrivai donc avant de sonner à la porte et attendant que la belle brunette vienne m'ouvrir. Une des rares que j'avais envie de voir en ce moment. Une des premières personnes rencontrés à San Francisco et une des rares que je ne laisserai jamais tomber.

Le salon enfin rangé, je m'étais aussi attaquée à la chambre d'ami dans laquelle Evy allait dormir. J'avais finit en un rien de temps car il ne fallait faire que le lit et passer l'aspirateur sur le tapis qui recouvrait toute la chambre. Enfin finit je pouvais maintenant me reposer un peu avant l'arrivée de mon ami dans son nouveau chez soi.

Je m'installais dans le salon en me servant un verre de jus d'orange et en allumant la télé. Plutôt que de m'installer en position assise je préférais m'allonger, j'en avais bien besoin. Je regardais un épisode de Glee qui passait à la télé, je l'avais déjà vu une fois mais comme il n'y avait rien de plus intéressant à la télé je regardais ça. L'épisode avait commencé depuis un bon moment avant que je m'installe et il se termina bien plus vite que je ne pouvais l'espérer. Même pas dix minutes et il touchait à sa fin. Je soupirais et pris la télécommande posée à côté de moi. Je changeais de chaîne jusqu'à tomber sur une émission sur National Géographic qui portait sur les tigres, autant regarder ça de toute façon j'adorais les tigres et un peu de culture général sur eux ne me ferait pas de mal. J'étais donc là allongée sur mon canapé attendant qu'on vienne sonner à la porte.

Je commençais à être de plus en plus fatiguée mes yeux se fermaient d'eux même quand soudain on sonna à la porte, sur le coup je n'y prêta pas attention mais je du quand même me lever. C'est donc deux minutes plus tard que je me levais pour aller dans le couloir et le traverser pour atteindre la porte. La personne qui devait se trouver derrière ne pouvait être que Evelyn. Je m'empressa de lui ouvrir la porte et c'est le sourire aux lèvres que je l'invitait à entrer avant de lui faire un câlin.

"Bienvenue ma chérie. Comment tu vas?"

J'attendais sa réponse avant de faire quoi que se soit d'autre. Une fois sa réponse entendu je m'avançais avec elle vers le salon. J'avais remarqué en ouvrant la porte qu'elle était accompagnée par deux déménageurs, à eux deux ils avaient l'air assez convenable pour faire entrer les affaires de Evy' dans la maison. Avant même qu'on atteigne la porte pour entrer dans le salon l'un des déménageurs toqua à la porte pour nous demander où les affaires devaient aller. Je me tourna vers eux pour leur répondre.

"Euh vous pouvez mettre tout dans la première pièce sur votre gauche." Ca n'était évidemment pas la chambre à coucher d'Evy mais toutes ses affaires n'allaient certainement pas entrer dans sa chambre et elle n'aurait pas besoin de tout non plus. Evelyn connaissait déjà la maison et savait que la chambre que j'avais indiqué aux deux hommes étaient une pièce vide qui ne servait à rien.

"T'en fait pas c'est pas ta chambre. Tu as la chambre d'ami au premier étage. Je m'arrangerais pour faire monter les affaires dont tu auras besoin après.

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E L E A N O R & E V E L Y N

Autant j'avais senti qu'emménager avec ma sœur soit une mauvaise idée, que celle d'être avec ma meilleure amie soit une bonne. J'adorai Eléanore, nous étions comme les deux doigts de la main, toujours prêtes à s'entraider, à s'accepter comme nous étions, autant avec Imogen, la situation était comme celle avec Sonic. Un désastre. J'avais toujours pris le taureau par les cornes, je ne me faisais jamais prier mais avec Sonic et Imogen, j'aurai du m'abstenir. Se faire tromper était déjà suffisamment douloureux quand c'était avec une personne que nous ne connaissions pas mais quand il s'agissait de sa propre sœur, bien que nous n'étions pas très proches. Nous ne connaissions pas depuis longtemps, depuis quelques mois seulement mais aussitôt, je me suis sentie liée à elle et ses cachotteries m'avaient poussée à la haïr une première puis une seconde fois. Comme maintenant. Certains espéraient la réconciliation, d'autres riaient dans leur barbe de nous voir séparer. Je ne riai pas pour ma part. En l'espace d'une soirée, j'avais perdu mon mec – que je n'aimais pas mais quand même – et ma demi-sœur. Je soupirai en toquant à la porte et ma déprime disparut quand ma meilleure amie vint m'ouvrir.

Elle était comme mon soleil qui faisait disparaître les nuages de ma vie. Comme Jasper, comme Luke et comme Kristy. Je les aimais tous les quatre d'un amour différent et bien entendu, je n'oublierai jamais Evan et Cherilynn. Mais la vie est faite pour avancer et je me sentais proche de tous ses nouveaux amis, comme de Joshua, mon frère adoptif. Des fois, on devrait tenir un calepin pour y mettre nos relations avec les gens. Pour ma part, je tenais un recueil de lettres que je comptais donner à ma fille quand elle serait grande. Peut être me comprendrait-elle ? Peut être serait-elle capable de m'apporter les réponses à mes questions. La seule et unique question était pourquoi ? Pourquoi Dieu s'accordait-il à me rendre malheureuse ? Je ne savais pas trop. Je me contentai d'acquiescer et de subir sans trop en demander. Après tout, nous étions là pour souffrir. Ma seule consolation: cette correspondance qui durait depuis trop longtemps. A chaque lettre, je la ponctuai d'un « reviens moi. ». Un simple « reviens moi » qui disait clairement que je tenais à lui. Que je m'inquiétais pour lui. Je m'avançai vers ma meilleure amie et je la pris dans mes bras, la serrant de toutes mes forces pour soupirer. «  Merci. Pour tout ma chérie. » Je me retirai. Je pleurai presque. Certains pourraient croire que c'est du au choc mais en fait, ce n'est qu'à cause de Jasper. De la peur que j'avais de le perdre. Cinq ans. Mon dieu, cinq ans.

Je passai une main dans ma longue crinière pour lui sourire et essayer de lui répondre sincèrement. Si cela allait non. Assurément non. Mes copains ne me sont jamais fidèles, je vais mettre au monde une fille qui n'aura pas de père, ma soeur est une traitresse. Comment faire pour survivre dans ce nouveau chaos qu'était ma vie ? Je devais prendre appui sur moi, ne pas pleurer sur les épaules des autres et c'est pour ça que je retenais mes larmes. Que je ne voulais pas pleurer devant mon amie au risque de paraître pitoyable. « Ça va. » Ma voix était toute tremblante. Je vis les déménageurs poser le piano et je ressentis comme l'envie irrésistible d'en jouer. Mais je me retins. Ensuite, je me baissais pour libérer June, Pixie et Robbyn. Mon bébé chat s'accrocha à moi et je le caressai, trouvant l'apaisement nécessaire pour ravaler mes larmes et faire le premier vrai sourire de la journée. J'étais vraiment heureuse d'habiter avec Eléanore, de pouvoir enfin me confier à quelqu'un sans que les gens haussent le sourcil en me traitant de pauvre cinglée.

Je pris appui sur le canapé, fatiguée et entendis Eléa me fait une remarque sur ma chambre. Chambre. Ce mot. Rien qu'un simple mot. Je sentis les larmes couler le long de mes joues et même sur le pelage ténébreux de mon chat. Cela avait besoin de sortir. Ma grossesse, ma maladie, la traitrise de ma famille. Je me sentais plus la force de me battre. Je voulais sombrer dans le néant, mourir et ne plus jamais me réveiller. Après tout pourquoi ? Pour voir ma soeur tous les jours, Sonic, m'en faire pour Jasper. Deux personnes me permettaient de m'accrocher, de ne pas me tuer. Stuart et Mélodie. « Je n'ai plus la force Eléa. Je suis tellement fatiguée que je me demande si je survivrai à l'accouchement. » Des paroles dures. Mais tellement réelles. Chaque jour, je me posai cette question et j'avais hâte d'avoir la réponse.

Je venais à peine d'ouvrir la porte et vit Evy devant moi, j'avais à peine le temps de faire quoi que ce soit et je me retrouvais dans ses bras. Je passais ma main sur ses cheveux pour lui rendre son câlin, évidemment ça ne servait pas à grand chose mais un peu de tendresse faisait du bien après ce qu'elle venait de subir. Elle avait été cocue, trompée avec sa propre soeur, celle qui avait le même sang qu'elle ne serait ce que la moitié de celui-ci. A sa place j'aurais craqué, je me serais effondrée et j'aurais aimé que mes amis soit là pour me réconforter c'est pourquoi je l'avais laissé venir vivre chez moi. Elle avait besoin qu'on lui montre qu'on serait là pour elle quoi qu'il arrive. Evelyn pouvait toujours compter sur moi et inversement;

"C'est rien, tu aurais fait la même chose pour moi." Je lui fit un petit sourire avant de l'inviter à rentrer. L'inviter à emménager chez moi n'était pas grand chose, je l'aurais fait pour n'importe lequel de mes amis qui en avait besoin. J'avais toujours été là pour ceux à qui je tenais et pour rien au monde je les aurais laissé tombé et puis j'avais une grande maison autant en faire profiter les autres. J'avais trois grandes chambres qui ne servait à rien de plus qu'à contenir des meubles qui prenaient la poussière quand je n'y faisais pas le ménage. Parfois je pensais même à les faire louer à des étudiants ou des gens intéressé pour de la colocation mais l'idée d'habiter avec ma meilleure amie était plus tentant.

Je me rendais compte en entendant sa réponse d'une voix tremblante que ma question était stupide. Après tout ça elle ne devait pas aller vraiment bien. Je la regardais libérer ses chats et l'un d'eux vient se coller à moi, passant entre mes jambes à chaque fois. Je m'approcha d'Evelyn et lui refit un calin pour la réconforter et ensuite la conduire au salon. On s'installa dans le canapé en laissant les déménageurs s'occuper des bagages de ma nouvelle colocataire. Je l'abandonnais un instant pour aller chercher à boire dans la cuisine, je revenais avec un plateau qui portais deux verres, une brique de minute maid au pomme car je savais qu'elle aimait ça et deux trois petits bols avec des trucs à grignoter. Je posais le tout sur la table puis m'assit à côté d'elle et nous servit à chacune un verre que je laissa sur la table au cas où elle aurait soif.

Je l'écoutais parler mais n'aimais pas du tout la tournure de sa phrase, elle sous entendait qu'elle pensait qu'elle serait morte d'ici l'accouchement? Qu'elle se donnerait la mort? J'essayais de pas montrer que ce qu'elle disait m'avais refroidit je devais garder la tête haute, perdre encore une fois une personne qui me tenait à coeur serait pour moi la fin, j'avais perdu mes parents à douze ans, puis mon bébé qui n'était même pas encore né. Je n'en parlais jamais à personne même pas à Evy', presque personne n'était au courant et je préférais garder ça ainsi car je ne voulais pas qu'on me plaigne, qu'on ai de la peine pour moi. J'en avais déjà assez pour moi même que celle des autres viennent s'y rajouter.

"Ne dit pas des choses comme ça Evy', tu vas tenir. T'es une femme forte, on est là pour t'aider si tu en as besoin. Pense à ta fille, à ton fils ils ont besoin de toi. Dis toi que ça va aller que tu vas y arriver. Je sais que pour le moment ça va pas trop bien mais ce n'est qu'une mauvaise passe, la roue tourne tôt ou tard et tout va s'arranger il te suffit juste d'y croire." Je terminais ma phrase en lui prenant la main pour la lui caresser avec mon pouce.