Je ne savais même pas pourquoi je lui avais demandé de venir ici. J'étais en colère ? Oui, très. Mais il n'avait pas été le seul non plus dans l'histoire, Jude m'avait bien précisée qu'elle ne l'avait pas repoussée non plus. Le fait qu'elle passe beaucoup de temps avec lui, plus cette histoire comme quoi elle "préférait" aller voir ce médecin avec lui plutôt qu'avec moi et maintenant, cette histoire de baisé. Et elle m'avouait ça au téléphone alors qu'elle était dans son lit. Facile de se faire des films non ? Je lui avais toujours fait confiance, aujourd'hui, je savais que j'aurais du mal. Ce n'était qu'un baisé, mais un baisé ça voulait toujours dit quelque chose, surtout quand on l'avait apprécier au point de le rendre.

Je ne savais même pas quoi lui dire, j'avais juste envie de lui foutre un gros pain dans la gueule histoire...de me défouler. C'était mal, je le savais et pas du tout dans mes habitudes, on m'avait toujours appris à rester calme à cause de ma maladie de merde, mais...je considérais Robbyn comme un pote. C'était comme si il m'avait planté un couteau dans le dos. Je ne donnais pas ma confiance facilement, mais je la reprenais avec beaucoup plus de facilité.

Le sonnette retentit, je soufflais un grand coup avant d'aller ouvrir. Je sentais mon coeur battre très fort rien qu'en les imaginant, ça me rendait carrément dingue. Sans dire un mot, je me reculais pour le laisser entrer puis je refermais la porte derrière lui. Je ne savais pas si il savait que j'étais au courant, alors je lui laisserais juste une chance de me dire de lui même pourquoi il avait fait ça, et de me dire aussi qu'il l'avait fait. Je me tournais vers lui, j'essayais de paraître calme même si je ne l'étais pas.

- Alors...comment ça va depuis le temps ? Avec Andrew, ça se passe bien ?

Oh... ça va... comme si je me préparais à ce qu'il m'envoie bientôt un truc dans la gueule en me traitant d'enfoiré de merde.

Je baissais mon regard, je me sentais con tout à coup d'avoir pu croire qu'il y avait quelque chose, d'avoir pu être jaloux...après tout, Rob' était avec Andrew non ?

J'ai pas de bonne réponse à te donner pour ce qui s'est passé, Maël, mais les répercussions seront nulles... on a tout de suite choisi de prendre des distances pour éviter que ça se reproduise, parce que y'a rien entre nous et que c'est pas la peine de créer des soupçons dans le vide.

Je relevais les yeux sur lui. Là, je me sentais de nouveau en colère. Est-ce qu'il pensait vraiment que le fait de prendre des distances allait changer quoi que ça soit après ce qu'il s'était passé ? Jude n'avait pas hésité à me demander de ne plus revoir Emma, moi je ne pouvais même pas faire le même puisque Rob' était avec son frère, c'était obligé qu'elle doive encore le voir. Je serrais les dents et m'avança vers lui avant de serrer le poing pour l’amener violemment contre sa joue. Ce n'était pas du tout dans mes habitudes de cogner quelqu'un, mais là, c'était trop tentant.

- Pas créer de soupçons dans le vide ? Fallait y penser avant d'embrasser ma copine connard !

Je relâchais le poing en le retirant du la paume de sa main qui l'avait réceptionné avant que je ne lui donne un coup. Le fait qu'il se défende m'énervais encore plus, j'étais vraiment sur les nerfs à cause de cette histoire, plus la disparition d'Emma, j'allais finir par devenir carrément dingue.

- Et tu veux les fonder sur quoi? J'suis gay! Tu connais pas la signification de ce mot?! C'est pas moi qui vais te la voler, ta copine. J'ai fais une connerie et j'en assume complètement la responsabilité. Mary m'aime pas, je l'aime pas, et on n'a pas douté de nous une seule seconde après que ça se soit passé. C'était juste des souvenirs, et ça reste au passé... alors calme-toi, j'suis pas là pour lancer la troisième guerre mondiale...

Je fermais les yeux quelques secondes en prenant une inspiration, je devais vraiment, vraiment me calmer sinon j'allais faire un malaise, mon, coeur s'emballait beaucoup trop.

- Des souvenirs ? J'me serais fait incendié par toi, Andrew et surtout par elle si j'avais osé ne serait-ce que dormir dans le même lit qu'Emma ! Et toi non seulement tu l'embrasses - et personne ne sait pourquoi en plus - mais en plus après tu l'as fait dormir dans ton lit comme si de rien n'était ?!

Je m'asseyais sur le canapé en passant mon visage entre mes mains, j'essayais de me calmer, je me sentais vraiment mal...

- ...ouais, j'ai fais ça, comme un gamin. Je vois pas les choses de la même façon que tout le monde (ce qui était carrément vrai et qui amenait à des malentendus monstrueux parfois)... je voulais pas que ça soit mal interprété. Si y'a quelque chose à faire pour arranger ce truc, je le ferai...

Je gardais les yeux fermés, c'était impératif que je me calme. Le pire, c'était qu'il avait vraiment l'air désolé et j'avais maintenant l'impression de m'être emballé trop vite juste pour un baisé de rien du tout...j'avais eu peur de la perdre, c'était sûrement ça, au fond. J'avais sentis que le ton de sa voix était plus calme, je détestais quand les gens me prenaient en pitié comme ça, je n'étais pas en sucre après tout, il était hors de question qu'on me voit comme un malade à ne surtout pas brusquer.

-...y'a rien à faire, j'veux dire...ça a crée une dispute avec MJ mais c'est déjà réglé alors...j'sais même pas pourquoi j't'ai demandé de v'nir ici au fond..

L'atmosphère s'était apaisée et elle était beaucoup plus supportable.

- Parce que tu voulais savoir comment je réagissais face à ça, surement... hum... et... pour cette histoire d'enfant, tu y as déjà réfléchi? Vous savez ce que vous voulez faire?

Je relevais le regard vers lui, il n'était apparemment pas au courant que cette grossesse était voulue. Je savais qu'il n'approuverait pas, lui et son frère certainement. Mais personne ne pouvait comprendre ce que ça faisait d'avoir au pire, seulement quelques années à vivre. Au départ j'étais un peu retissant à l'idée que je puisse mourir alors que Jude deviendrait veuve et mère célibataire, mais elle voulait que je puisse vivre ça au cas où, je lui en serait à jamais reconnaissant.

- Bien sur qu'on sait c'qu'on va faire...tu crois quand même pas qu'elle va avorter...? J'sais que pour toi, pour Andrew ou pour n'importe qui ça peut sembler trop rapide, mais vous pouvez pas comprendre..

- Tu as pensé... aux charges financières que ça impliquait?

Je baissais mon regard vers le sol, Robbyn était en train de me donner une des innombrables toutes les raisons qui m'avaient poussés à douter un peu de moi concernant cette grossesse. Je haussais les épaules, toujours en fixant le sol,

- Jude a rencontrée un photographe avec qui elle a parlée et qui cherchait justement des femmes enceintes, il lui a proposé de travailler avec elle quand elle sera plus...enceinte.

Je m'arrêtais, j'essayais de le convaincre lui, mais tout à coup je commençais à douter moi même de tout ça alors que j'avais été tellement enthousiaste quand elle me l'avait dit ce matin.

- Je donnerais des cours particuliers...on s'arrangera...et il me reste de l'argent qui me vient de mes parents..

J'attendais à ce qu'il me sorte : "et tu as pensé au fait que tu pouvais mourir du jour au lendemain d'une crise cardiaque ?". Mais le pire, c'était qu'il aurait raison..

- Je veux vous aider.

Alors là, je crus mal entendre. Je relevais le regard vers lui, mais Robbyn avait l'air complètement sérieux en disant ça. Comment est-ce qu'il pourrait nous aider ? Il n'était pas riche à ce que je sache. Et puis..le père de Jude aurait nous aiderait, enfin, j'osais l'espérer.

- Nous aider ? C'est gentil vieux mais j'vois pas comment, à part si toi et Andrew vous acceptez de nous faire du baby-sitting gratos

Je soupirais,

- Andrew...l'a très mal pris d'après c'que Jude m'a dit et son père risque de mal le prendre aussi...j'veux pas qu'elle s'éloigne de sa famille par ma faute.

- Nous aider ? C'est gentil vieux mais j'vois pas comment, à part si toi et Andrew vous acceptez de nous faire du baby-sitting gratos. Andrew...l'a très mal pris d'après c'que Jude m'a dit et son père risque de mal le prendre aussi...j'veux pas qu'elle s'éloigne de sa famille par ma faute.

- T'sais... c'est des Winters, faut pas trop leur en demander

C'était sorti tout seul et je ne pus m'empêcher de rire en me couvrant la bouche d'une main. Maël... il ne connaissait pas tout sur moi... je l'avais presque oublié. En même temps, c'était difficile de connaître ma position financière en sachant que j'habitais jusqu'à y'a peu de temps dans un appart qui ressemblait plus à un squat qu'autre chose... mais c'était étonnant que Jude ne lui ait pas parlé de mon job, elle qui avait le chic de tout raconter... >>

J'hésitais un peu à ouvrir la bouche en sachant très bien que personne à part moi n'accepterait du fric découlant de "cette" profession là. C'était vu comme un truc sale... malheureusement.

Je... je suis pas pauvre du tout, tu sais. C'est pour ça que je me propose.

- T'sais... c'est des Winters, faut pas trop leur en demander

Je me suis mis à rire à mon tour, c'est vrai qu'ils avaient vraiment un sacré caractère dans cette famille.

- Je... je suis pas pauvre du tout, tu sais. C'est pour ça que je me propose.

Je regardais droit devant moi en m'appuyant les coudes sur les genoux, je me doutais bien qu'il ne devait pas être pauvre si il proposait mais ça m'étonnait..déjà qu'il propose, et en plus qu'il ne soit pas en manque d'argent. Je ne savais pas trop quoi lui dire,

-...j'pense qu'on peut s'en sortir...on a décidé de fonder une famille, on doit assumer les conséquences nous même...mais...merci.

Je déglutis, je commençais à me sentir mieux que tout à l'heure,

- Si jamais on a vraiment vraiment besoin...alors j'veux bien...

Je voulais l'utiliser en dernier recours et prouver que je pouvais prendre soin de Jude et du bébé moi même.

-...j'pense qu'on peut s'en sortir...on a décidé de fonder une famille, on doit assumer les conséquences nous même...mais...merci. Si jamais on a vraiment vraiment besoin...alors j'veux bien...

Un sourire s'afficha sur mon visage. Deuxième raison pour laquelle j'aimais bien Maël; il était ouvert d'esprit. Ça me faisait vraiment plaisir qu'il accepte qu'on l'aide si le besoin s'en faisait ressentir un jour, je prenais ça comme une marque de confiance de sa part...

- Hé, t'es vraiment le petit ami parfait, toi. Jude à beaucoup de chance de t'avoir... Allez, marché conclut.

Parfois, il m'arrivait de me demander si ce gars interprétait ce que je disais comme le faisaient d'autres mecs paranos qui voyaient des sous-entendus partout. Des fois, ils suffisait qu'ils apprennent que j'étais homo pour voir le mal dans chacun de mes gestes ou de mes phrases alors que juste avant ça leur semblait complètement normal, et c'était lourd à la longue... Bref, je finis par me pencher un peu en avant en tendant le poing vers mon ami pour l'inviter à taper dedans.

- Hé, t'es vraiment le petit ami parfait, toi. Jude à beaucoup de chance de t'avoir... Allez, marché conclut.

Je lui souris, en me demandant encore comment il pouvait être assez friqué pour accepter de nous aider. Jude devait le savoir elle. J'étais très loin d'être le petit ami parfait, j'essayais juste de faire de mon mieux parce que j'ai conscient du mal que j'avais bien pu faire à Jude trois ans plus tôt, je tentais simplement de me racheter. Robbyn tendait son poing vers moi, je lui tendis le mien pour taper contre celui-ci en souriant puis je me redressais sur le canapé. Même si ça s'étais calmé, je commençais à sentir une pression dans ma poitrine, il fallait que je prenne un médoc. Je me levais en silence vers la cuisine puis je me tournais vers lui,

- Tu veux quelque chose à boire ?